Zineb El Rhazoui est l’une des rescapés de la tuerie du 7 janvier. Cette sociologue franco-marocaine, militante anti-islamiste, menacée de mort par des jihadistes, a été aussi l’une des 15 salariés, sur la vingtaine que compte l’hebdomadaire, à avoir réclamé publiquement en avril une gouvernance plus collégiale du titre.
Mercredi 13 mai, la journaliste a reçu une lettre de la direction la convoquant à un entretien préalable à un licenciement pour faute grave, a révélé le journal Le Monde. Il s'agissait seulement de la « rappeler à ses obligations minimales vis-à-vis de son employeur, suite à de nombreux incidents », a indiqué hier une porte-parole de la direction, sans préciser ce qu'il lui était reproché.
Selon Zineb El Rhazoui, la tentative de la licencier était une façon de sanctionner sa prise de position qu’elle réaffirme aujourd’hui sans hésitation. « Aujourd’hui, cette direction doit comprendre que ce que Charlie Hebdo symbolise c’est quelque chose qui ne lui appartient pas à elle. Charlie Hebdo a été au cœur d’un immense élan de soutien à la fois moral et matériel. Il est évident que cet argent qui a été envoyé par les uns et les autres, il a été envoyé pour aider les familles des victimes, pour aider les blessés, pour permettre à ce journal de perdurer. Cet argent-là ne peut pas rester concentré entre les mains de deux actionnaires. Il faut faire évoluer cette situation-là vers une situation d’entreprise plus sociale, plus collective et plus transparente ».
La semaine prochaine, Zineb El Rhazoui doit rencontrer Riss, le directeur de Charlie Hebdo, pour évoquer avec lui l’avenir du journal, qui depuis l’attentat de janvier a recueilli près de 30 millions d’euros.