Manuel Valls en avait pourtant appelé à l'intervention des intellectuels dans le débat public. C’était en mars dernier, dans la dernière ligne droite de la campagne des départementales. Une campagne qu'il avait toute dédiée à la confrontation contre le Front national. « Où sont les intellectuels, où sont les grandes consciences de ce pays pour dire non ? », avait-il alors scandé.
Réponse en forme de gifle d'Emmanuel Todd. Le chercheur, classé à gauche, mais aussi très controversé, s’attaque dans son ouvrage aux manifestations géantes du 11 janvier. Il va même jusqu'à qualifier les quatre millions de personnes dans la rue ce jour-là de « xénophobes, islamophobes ». « Imposture », rétorque le Premier ministre. « Cette manifestation fut un cri lancé avec dignité, pour la tolérance et pour la laïcité. »
Le message est clair pour le Premier ministre comme pour le président de la République : le 11 janvier est plus qu'une ligne rouge dans le débat public, c'est le moment où on l'espère le quinquennat a basculé. François Hollande qui défile en père de la nation et voit son image transformée, Manuel Valls qui se fait applaudir debout par toute l'Assemblée nationale, cet esprit, l'exécutif essaie toujours de le faire vivre. Au risque de se faire accuser d'en faire sa seule et unique ligne politique.