Crash de l’A320 de Germanwings: un appareil et une compagnie sûrs

L’Airbus A320 qui s’est écrasé ce mardi 24 mars dans les Alpes-de-Haute-Provence, faisant 150 morts, avait 24 ans. Il appartenait à la compagnie allemande low cost Germanwings. Cela ne veut pas pour autant dire qu’il était dangereux.

L’appareil qui s'est écrasé ce matin était sorti de l’usine en novembre 1990. Il s’agissait donc d’un vieil avion en fin de vie, sachant qu’un avion de ligne est exploité normalement durant 25 ans. Il accumulait 58 000 heures de vol. Cela ne vaut pas pour autant dire qu’il était dangereux, car la maintenance est planifiée, réglementée et tout cela est sévèrement encadré.

Durant sa carrière, cet avion a fait l’objet de plusieurs visites, et notamment une « grande visite ». Dans le jargon aéronautique, le terme désigne une visite d’entretien au cours de laquelle l’avion est complètement démonté, ausculté, passé à la radiographie, avant d’être remonté. Sa dernière « grande visite » avait été effectuée à l’été 2013. L’avion qui s’est écrasé ce mardi a toujours volé pour Lufthansa, une grande compagnie aérienne, qui l’a seulement transféré à sa filiale low cost Germanwings.

L’A320 bénéficie d’une réputation de fiabilité (voir encadré), malgré onze accidents en 27 ans d’exploitation. En novembre dernier, un A320 de Lufthansa a perdu plus de 1 500 mètres d’altitude de lui-même avant que l’équipage ne prenne les choses en main. En cause, une sonde d’incidence – qui enseigne sur la position des données de l’avion – qui avait givré et qui avait envoyé des mauvaises informations au calculateur de bord.

Compagnie à bas coût n’est pas synonyme de sécurité au rabais. Il n’y a pas de différence entre la maintenance d’une compagnie traditionnelle et une low cost. S’il existe des compagnies, notamment en Asie et en Afrique, qui font l’impasse sur la maintenance pour faire des économies, celles-ci se retrouvent généralement sur la liste noire des instances internationales de l’aviation. Easy Jet ou Ryanair, les compagnies low cost les plus connues en Europe, n’ont pas intérêt à perdre un avion, car cela coûte cher et que ce serait commercialement désastreux. Qui plus est, les low cost volent surtout sur des avions récents pour limiter les frais de maintenance, très importants.


Un avion populaire

Lorsqu'il entre en service en 1988, l'A320 est un avion totalement nouveau. Il est le premier appareil civil à commandes de vols électriques, c’est-à-dire au pilotage entièrement assisté par ordinateur. Un gain en terme de sécurité, car les calculateurs de bord limitent les manœuvres de l'avion, susceptibles de conduire à une perte de contrôle de l'appareil. Mais l'avion divise les pilotes, car l'équipage est réduit à deux, contre trois comme auparavant, automatisation oblige.

En 1991, le crash du mont Saint-Odile dans l'est de la France fait 87 morts et conduit Airbus à revoir certaines fonctions concernant les angles et les taux de descente programmables. Mais la carrière commerciale de l'avion décolle.

Airbus décline alors plusieurs modèles autour de l'A320, du petit A319 à l'A321 avec une qualification unique pour les pilotes. A ce jour, 6 200 avions de la famille A320 ont été produits. L'A320 va connaître une nouvelle vie, avec une version encore plus économique : Néo. Airbus table déjà sur une cadence de production de 50 avions par mois dès 2017.

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