Mondial du tatouage: le rendez-vous des tatoueurs et des tatoués

Depuis trois ans, Paris accueille l’un des plus grands rendez-vous de tatoueurs de la planète. Ils font le déplacement dans ce salon initié par le tatoueur star parisien Tin-Tin, qui officie depuis une trentaine d’années dans son atelier du quartier de Pigalle.

Ils viennent de Tahiti, Taïwan, du Japon, de Malaisie, d’Italie, du Royaume-Uni, des Etats-Unis ou de France. Ils, ce sont les 260 artistes qui expriment leur créativité avec leur aiguille (stérilisée pour éviter les infections) tels des Michel-Ange des temps modernes. Ils viennent avec leur catalogue, leurs books ornés de dessins inédits, chacun ayant sont propre style, tel un artiste-peintre dont le corps serait la toile.

Ces tatoueurs professionnels proposent aux visiteurs dans une atmosphère bon enfant de décorer les corps des aficionados qui profitent de cette « foire à la créativité corporelle » et ainsi orner leur corps de nouveaux dessins qu’ils pourront dévoiler dans l’intimité du couple, dans la rue, les salles de sport ou tels David Beckman et Zlatan Ibrahimovic sur les terrains de football face aux caméras du monde entier.

Car si au XVIIIe siècle les tatouages étaient l’apanage des marins, au XIXe celui de la haute société new-yorkaise ou européenne, les joueurs de football et les stars de la musique et du cinéma sont les meilleurs ambassadeurs de ces œuvres d’art corporelles.

Jérémie vient depuis deux ans à ce Mondial, humer les tendances, rencontrer les tatoueurs, échanger avec eux. Car confier son corps à un artiste-tatoueur est aussi une question de feeling. On doit se sentir en confiance, ne pas confier son corps sur un coup de tête au premier venu. Car un tatouage est éternel et s’il est raté, alors il faudra le recouvrir sur une surface trois fois plus grande pour le masquer définitivement.

Marie, elle, avait eu un bon contact l’an passé avec l’artiste marseillais « L’Aiguille ». Pour éviter de fastidieux déplacements dans la capitale phocéenne, cette jeune parisienne profite du salon pour revenir voir l’artiste. Elle profite désormais chaque année du Mondial pour se faire refaire une nouvelle œuvre sur le corps.

Car le salon est avant tout un lieu de créativité et de rencontres éphémères. Un espace de 20 000 m2 où, entre stands de bières, concours des plus beaux tatouages, concerts métal et Dj’s sets, les aficionados des corps peints profitent de la convention pour se faire recouvrir la peau de quelques décilitres d’encre entre le derme et l’épiderme.

Langoureusement allongés sur un lit ou assis sur un tabouret, les clientes et clients dévoilent en toute impudeur leurs corps aux 30 000 visiteurs de ce salon qui ressemblent parfois à une exposition de corps en pleine transformation par des artistes décorant à vie les parties les plus personnelles à l’encre indélébile.

Car le tatouage est devenu depuis une dizaine d’années un véritable phénomène de mode auprès des 15-40 ans en France. Lui qui avait la réputation d’orner les corps des voyous et des filles de mauvaise vie s’est normalisé grâce aux stars du foot, du rock et du cinéma. Il a même trouvé sa place dans les musées, à l’instar de l’exposition du musée du Quai Branly à Paris où l’exposition « Tatoueurs, tatoués » bat tous les records de fréquentation du musée et y est présentée durant un an et demi jusqu’au 18 octobre prochain.

Le « dixième art » est ainsi sorti de sa marginalité et est devenu un véritable choix artistique, la démonstration d’une personnalité, de l’appartenance à un groupe ou un secret intime. Un phénomène de mode. Mais une mode est toujours éphémère. Alors qu'un tatouage, c’est pour la vie !
 

Partager :