« Ce n'est pas la loi du siècle », disait récemment François Hollande. Pour une partie de la gauche, la loi Macron incarne pourtant la conversion du chef de l'Etat au social-libéralisme, le grand marqueur de son quinquennat. Cette loi Macron, et ses 204 articles, a cristallisé depuis des semaines l'opposition des frondeurs socialistes. Le principal objet du délit est le travail du dimanche, douze dimanches travaillés par an, en échange de contreparties pour les salariés.
L'ancien ministre Benoît Hamon votera ainsi contre la loi. Comme quelques autres... Ce qui a provoqué le colère du Premier ministre Manuel Valls sur RTL : « Quand on est parlementaire de la majorité, député socialiste, on s’abstiendrait ? On voterait contre ce texte ? Non. Moi, j’en appelle à la responsabilité de chacun. La possibilité de travailler le dimanche, douze fois par an, c’est ça qui fonde une différence ? C’est ça qui fonde une différence entre les socialistes ? Personne ne peut le croire. Alors les postures c’est fini, maintenant on assume ses responsabilités et on vote un texte qui va dans l’intérêt général des Français ».
Le gouvernement affiche une confiance mesurée : l'opposition des frondeurs devrait être compensée par quelques voix de droite et du centre.
Macron change de statut
Avant l’examen de la loi, prononcer le nom d’Emmanuel Macron, c’était provoquer souvent les mêmes réactions chez les socialistes : les yeux au ciel et un sourire en coin. Un pilier du groupe PS à l’Assemblée se réjouissait déjà : « C’est un débutant, on ne va en faire qu’une bouchée ». Inquiet, le président du palais Bourbon avait même organisé un déjeuner avec des députés, dont des frondeurs, pour faciliter la tâche au ministre. A la surprise générale, le ministre de l’Economie n’a pas été spécialement chahuté.
« Il y avait un côté coup de poker dans sa nomination, dit un proche du président, mais il nous l’a prouvé pendant ces débats, il est capable de se mettre très vite à niveau sur tout ». Emmanuel Macron en fait trop, jugent au contraire ses détracteurs qui critiquent en vrac des débats trop longs, un ministre qui se met en avant en parlant de menaces de mort reçues ou encore un chouchou du président qui aurait reçu beaucoup d’aide, notamment en matière de communication. Signe qu’avec le vote de cette loi Emmanuel Macron a changé de statut, de débutant maladroit il est désormais perçu comme un véritable concurrent.