L'Egypte sera-t-elle le premier pays acheteur de Rafale?

La France serait sur le point de conclure avec l'Egypte un plan de financement pour lui vendre 24 avions de combat Rafale et une frégate très moderne. L'Egypte deviendrait alors le premier client à l'exportation du fleuron de l'industrie française de défense.  

Selon une source industrielle contactée par RFI, « la signature du contrat est une affaire de semaines ». « Les Egyptiens sont pressés, mais c'est à eux d'annoncer la commande ». Avec 24 Rafale et une frégate multi-missions FREMM, le marché pourrait atteindre 6 milliards d'euros, selon la presse économique française.

Cette facture très lourde pour Le Caire, en grande difficulté économique, nécessite un montage financier impliquant plusieurs banques françaises et l'aide des partenaires de l'Egypte, au premier rang desquels les Emirats arabes unis. Le dossier serait presque bouclé. Une négociation de gré à gré et un dialogue direct entre le maréchal Sissi, le président François Hollande, le ministre de la défense Jean-Yves Ledrian et les grands patrons de l'industrie française d'armement.

« C'est une course de vitesse », indique cette même source à RFI. Les Egyptiens souhaitent recevoir les premiers avions dès cet été. Ils seraient donc directement prélevés sur les chaînes de montages du constructeur. Des avions destinés à l'armée de l’air française rachetés par les Egyptiens, cela permettrait à l'Etat français de faire de précieuses économies, alors que le budget de la Défense peine à être bouclé.

Pour l'Egypte, acheter le Rafale permettra à son armée de l'air de disposer d'un avion moderne à long rayon d'action, alors que le Caire s'inquiète de plus en plus des menaces représentées par les groupes affiliés à l'organisation Etat islamique dans le Sinaï, et en Libye.


L'affaire vue d'Egypte

Avec notre correspondant au CaireAlexandre Buccianti

Les autorités égyptiennes se sont abstenues de tout commentaire au sujet de l'imminence de ce contrat d'armement. Il y a quelques jours, le président Abdel Fattah al-Sissi avait remercié la France d'avoir répondu avec célérité aux demandes d'armement du Caire, et d'avoir accordé des facilités de paiement. Mais Sissi n'avait pas donné plus de précisions.

La décision de l'Egypte de se tourner vers la France pour son armement a commencé au lendemain de la destitution du président Frère musulman Mohamed Morsi en 2013 et la décision des Etats-Unis de geler la livraison de vingt chasseurs F-16 au Caire. Selon des experts, l'Egypte a besoin de chasseurs à long rayon d'action comme le Rafale pour sécuriser le détroit de Bab el-Mandeb, qui permet de contrôler l'entrée sud de la mer Rouge, surtout avec la détérioration de la situation au Yémen.

Une menace contre ce détroit serait catastrophique pour le canal de Suez, dont l'Egypte est en train de doubler la capacité. Une bonne partie du financement du contrat d'armement avec la France sera garantie par les Emirats. L'Egypte a déjà commandé à la France quatre corvettes de type Gowind en 2014.

Partager :