Des couleurs vives, un vrai coup de crayon, et des personnages hauts en couleur, deux sœurs maghrébines qui font les 400 coups dans leur cité de banlieue sous le regard souvent furieux de leur mère, une vraie matriarche méditerranéenne, tyrannique et ultra protectrice. Maissa et Mayada Gargouri ont conçu cette bande dessinée en s’inspirant de leur quotidien. Son nom « Desperate Bledardes » est une allusion à la série américaine Desperate Housewives, matinée d’un nom dont on les affuble souvent en banlieue.
« Bledardes, c’est une personne qui habite en France et qui est originaire d’un pays étranger, explique Maissa Gargouri. Cela peut être à la fois un pays maghrébin comme un pays européen du Sud, cela représente tous les immigrés vivants en France. »
Dans Desperate Bledardes, Maissa et Mayada Gargouri s’amusent des clichés qui collent à la peau des Français d’origine étrangère. Mais elles parlent aussi de ce qui fâche : vacances au pays, mariages arrangés, mères possessives et pères dépassés, chômage, discrimination et pauvreté. Et comme elles partent toujours de situations vécues, l’engouement pour la bande dessinée dépasse largement les frontières de la France. « Régulièrement, les gens nous écrivent de Belgique et d’autres pays d’Europe, mais aussi du Canada, du Maghreb, d’Australie, des États-Unis, d’un peu partout, ce qu’on n’attendait absolument pas, répondent Maissa et Mayada Gargouri en chœur.
Les limites d'une jeune fille voilée
Certes la diversité de leur lectorat n’a pas que des atouts. Quand les deux sœurs ont inventé le personnage d’une fille voilée et pourtant très délurée, cela leur a valu un déluge de commentaires haineux. « En fait, c’était un sujet soft, mais nous avions voulu retranscrire l’expression ‘l’habit ne fait pas le moine’ avec une jeune fille voilée. Cela a été très mal pris et à ce moment-là, nous nous sommes dit qu’il est trop tôt pour évoquer des cas ou des sujets très sérieux comme la religion. »
Ce qui a fâché dans cette planche ? « On démontrait que la jeune fille voilée n’était pas forcément meilleure qu’une fille qui ne pratiquait pas la religion. Donc cela a créé des insultes, des tensions, donc on a stoppé ce sujet et supprimé cette publication. »
En attendant, les deux sœurs ont lancé une nouvelle bande dessinée sur internet, La Famille Bentaba. Quant aux Desperate Bledardes, on pourra bientôt les découvrir en version papier.
► Le site officiel de Desperate Bledardes
► La page Facebook de Desperate Bledards