Le Centre Primo Levi est avant tout un lieu où l'on soigne. Psychologue clinicien, Omar Guerrero mène un travail d'écoute auprès de ces personnes qu'il ne considère pas comme des victimes :
« Ce ne sont pas des victimes, explique-t-il. Pour nous, ce sont des personnes qui ont été ponctuellement victimes de violences. Comment les aider ? Ce sont des personnes qui sont isolées, dans une situation d’exil forcé. Parfois, elles n’ont pas été victimes directes de violences ou de tortures, mais elles en ont subi les effets. Par exemple, des enfants dont les parents ont été enlevés et que la famille n’a pas pu protéger et qui se retrouvent en errance. »
Chaque année, ce lieu accueille près de 350personnes. Certaines sont en cours de demande d'asile, d'autres ont obtenu le statut de réfugié ou ont été déboutées du droit d'asile. Ici, elles se sentent en sécurité. « Au moins ici elles puissent avoir une reconnaissance, souligne le psychologue. C’est pour ça qu’on a une juriste qui accompagne ces personnes-là dans les démarches, demandes d’asile ou autre. C’est une reconnaissance symbolique, mais qui permet déjà de se remettre dans une voie de guérison. Il est important que ces personnes puissent nommer ce qui a été un excès, un abus. Qu’elles puissent remettre en circulation la pensée, que ça ne s’arrête pas à cette scène traumatique qui revient sans arrêt sous forme de cauchemars ou de symptômes au niveau du corps. »
Aller mieux, arriver à se reconstruire suite à un traumatisme prend du temps. Beaucoup de temps. Les équipes du Centre Primo Levi le savent.