Avec notre bureau de Bruxelles,
Lors du dernier sommet européen, les Etats de l’UE s’étaient engagés sur des objectifs de réduction de déficit budgétaire. Ils auraient dû amener la France à réduire de 0,8 point de pourcentage son déficit structurel, la partie du déficit qui n’est pas liée à la conjoncture économique.
Or, selon les calculs de la Commission européenne, la réduction du déficit français ne serait que de 0.2 point. C’est quatre fois moins que l’objectif et la différence est supérieure à la marge de tolérance officieuse qui peut atteindre un demi-point.
Le constat semble donc sans appel et la Commission aurait donc l’obligation d’enfoncer le clou et de faire passer la procédure pour déficit excessif qui touche la France à l’avant-dernier stade, juste avant celui des sanctions financières.
Le calendrier de cet examen anticipé et de ces fuites peut laisser présager une décision formelle de la Commission actuelle avant la fin de son mandat le 31 octobre. Ceci pourrait rendre service à la future Commission et aurait l’avantage politique pour Pierre Moscovici, - futur commissaire aux Affaires économiques -, de ne pas paraître comme celui qui ouvre la voie à des sanctions à l’encontre de la France.
Les parlementaires commentent le retoquage bruxellois
Côté français, cette censure est jugée « inimaginable » par le gouvernement français et le Premier ministre Manuel Valls. L’affaire fait également grand bruit salle des Quatre Colonnes, à l’Assemblée nationale.
La gauche, à l'unisson du gouvernement, n'envisage même pas un éventuel rejet de la Commission européenne. « Moi, je ne me tairais pas sur cette question du retoquage. L'essence d'un parlement, c'est de voter les budgets, lever les impôts, et moi, les cours particuliers de Bruxelles envers la France, ça commence à suffire », clame le député PS Arnaud Leroy.
La gauche en colère, la droite enfonce le clou, ravie visiblement de cette nouvelle possible difficulté pour le gouvernement, à l'instar du député UMP, Jérome Chartier : « C'est une très bonne nouvelle qu'ils le fassent. Cela voudrait dire que Bruxelles a pris ses responsabilités. C'est quand même stupéfiant qu'on laisse le budget français en l'état. On dérive totalement, et Bruxelles ne dirait rien ? »
Pas mécontent non plus, le député souverainiste Nicolas Dupont Aignan qui fustige lui
tout à la fois le gouvernement et Bruxelles : « La France a ses torts, puisqu'on a un gouvernement qui a fait n'importe quoi. Mais il a suivi les instructions de Bruxelles ! La pression fiscale, les 69 milliards d'impôts supplémentaires de la fin de Sarkozy et du début de Hollande, c'est Bruxelles qui les imposés à la France. Et donc ils ont obligé la France à mener cette politique et maintenant ils disent "vous avez échoué". C'est une histoire de fous. »
Il n'y aura pas d'économies en plus, ni d’augmentation d’impôts-promet le gouvernement pret a engager le bras fer avec Bruxelles.