Il y a des semaines que les ténors du PS confiaient leur impatience de retrouver leur "meilleur ennemi" -Nicolas Sarkozy, la bête noire de l'électorat de gauche , dont le retour, espèrent-ils, ressoudera une majorité divisée en activant le clivage droite-gauche.
« les frondeurs du PS, c'est terminé » se réjouissait ainsi dès hier un responsable socialiste alors que le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis montait au front pour canarder l'ex-président en le rappelant à son bilan qui sera selon lui « son boulet ». « Nicolas Sarkozy nous refait le coup de la rupture, la rupture cette fois-ci avec son bilan. Il n'échappera à son bilan, ce sera son boulet » assénait Jean-Christophe Cambadélis.
Le Premier ministre Manuel Valls , qui vient d'arracher un soutien quelque peu étriqué à l'Assemblée nationale, ne s'y est d'ailleurs pas trompé en désignant Nicolas Sarkozy comme celui avec qui il veut débattre « projet contre projet » dans une « confrontation avec la droite ». De quoi relâcher alors l'étau de l'impopularité sur l'exécutif ? Pas si sûr, alors que l'absence de résultats continue à alimenter le désamour des Français.
Selon un sondage paru ce matin dans le quotidien Sud-Ouest révèle que la moitié des Français estime que l'image de Nicolas Sarkozy s'est dégradée depuis un an. Une minorité (29%) estime qu'il est « honnête »mais si une large majorité d'entre eux ne plébiscitent
certes pas le retour de Nicolas Sarkozy, ils considèrent néanmoins « qu'il est le meilleur pour redresser le pays » devant François Hollande et Manuel Valls.
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■ Et qu'en pensent les Allemands ?
L'annonce du retour en politique de l'ancien président ne suscite pas d'enthousiasme en Allemagne, rapporte notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut. « Le retour de Monsieur Bling bling sous les feux de la rampe ». L’hebdomadaire Der Spiegel a beau, comme de nombreux journaux allemands, être très critiques à l’égard de François Hollande, le retour annoncé de Nicolas Sarkozy n’enthousiasme pas le magazine qui évoque les affaires qui menacent l’ancien président. Le Spiegel s’interroge aussi sur le programme de « Sarkozy II » estimant qu’un remake de la campagne de 2012 ne peut pas suffire pour séduire les électeurs.
Le quotidien de gauche Tageszeitung titre un article « Déjà vu » en français et n’est pas non plus convaincu. Le journal de Munich Süddeutsche Zeitung est également critique. Son commentaire évoque trois arguments qui plaident contre Nicolas Sarkozy : « Il a eu sa chance et durant sa présidence il a fait beaucoup de promesses non tenues. Des affaires le menacent. Et il est à craindre qu’il fasse de la surenchère populiste face à la concurrence du Front National ». Et le quotidien de conclure : « Sarkozy devrait rester en retraite. Mais il n’en est pas capable ». Seul le quotidien populaire Bild Zeitung proche des conservateurs est plus positif et titre « Sarkozy veut sauver 'Krankreich' », un jeu de mots entre krank/malade et Frankreich la France.