Disparus du Beach: le parquet veut poursuivre l'instruction en France

15 ans après les faits, l'affaire des disparus du Beach, au Congo Brazzaville, est toujours sur la scène judiciaire française. Rappelons-le d'un mot, en mai 1999, des milliers de Congolais qui avaient fui la guerre civile sont rentrés au port fluvial de Brazzaville. 353 ont disparu. Leurs familles accusent le régime du président Sassou Nguesso de les avoir assassinés.

Le général Norbert Dabira, à l'époque inspecteur général des armées, est soupçonné d'avoir joué un rôle dans ce massacre. En 2005, tout comme des dizaines d'accusés, il avait été acquitté. Pour autant, il a été mis en examen l'an dernier en France. L'officier a déposé un recours contre cette procédure. Et ce mercredi dans la matinée les avocats des deux parties ont plaidé devant la chambre d'instruction de la cour d'appel de Paris.

Maître Patrick Baudouin, l'avocat des parties civiles, est formel. Le procès de Brazzaville n'a aucune valeur et Norbert Dabira doit être jugé en France. « Le procès qui s’était tenu en 2005 est un procès-mascarade, affirme-t-il. Une parodie de justice mise en œuvre à une seule fin, à savoir essayer de court-circuiter la procédure en France. »

Enjeux politiques

L'avocate de l'officier, maître Caty Richard, répond qu'il serait aberrant de juger deux fois Norbert Dabira pour les mêmes faits, dans une affaire aux enjeux politiques. « Le général Dabira, et c’est clair, est aujourd’hui ici victime d’une instrumentalisation de la justice française, par des gens qui font de la politique, et qui parlent plus du président Sassou Nguesso à l’audience que du rôle du général Dabira, ou du procès qui a eu lieu à Brazzaville. »

Le parquet, lui, a penché du côté des parties civiles. L'avocat général s'est opposé au recours du général Dabira, et a demandé que la procédure continue. Une satisfaction pour Marcel Touanga, dont le fils de 28 ans fait partie des victimes. « Il est important pour les parents de savoir pourquoi, comment, et où ils ont mis le corps de leur proches, insiste-t-il. Nous sommes sereins parce que nous avons conscience que la vérité rejaillira. »

Les juges ont donné rendez-vous à tout le monde le 9 octobre. Ils décideront si l'instruction doit se poursuivre. Mais la perspective d'un procès est encore lointaine.

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