Cette mise en examen complique sérieusement le calendrier politique de l’ex-président qui souhaitait revenir très vite dès la fin de cet été, pour partir à la reconquête de l’UMP même si ses proches jurent que « cela ne change rien, que Nicolas Sarkozy est déterminé à revenir »…et que de toute façon il sortira « blanchi de ce nouveau complot, de cet acharnement judiciaire ». A l'instar de Daniel Fasquelle , député du Nord : « On sait très bien que le système d'écoutes téléphoniques qui était mis en place était disproportionné par rapport à ce que l'on met d'ordinaire en place. Et moi, je préfèrerais que le gouvernement mobilise les moyens de la police et de la justice pour lutter contre les délinquants, alors que dans d'autres pays on voit très bien que les faits de criminalité ne cessent d'augmenter. »
Plutôt que de dénoncer un supposé acharnement judiciaire, d'autres députés ont préféré adopter la méthode coué. Ainsi, pour Dominique Dord, cette nouvelle péripétie judiciaire serait finalement un mal pour un bien : « On lui donne l'occasion de dire sa vérité, à une période où il est plutôt dans l'abstinence médiatique. »
Des militants en plein désarroi
Pour autant Nicolas Sarkozy se retrouve bel et bien sur la défensive, fragilisé par cette mise en examen d'autant que son nom apparaît dans d'autres affaires, une demi-douzaine au total, dont la récente affaire Bygmalion qui menace toujours la survie de l’UMP. « L’ardoise commence à peser » dit ainsi un ténor du parti, et le « lent poison des affaires » à se diffuser au point que Nicolas Sarkozy apparaît comme un « candidat risqué » pour la prochaine présidentielle. Le député de la Manche, Philippe Gosselin en témoigne. « Il se dit, et je l'entends un peu plus qu'avant, que s'il y a des doutes à ce point, il y a peut-être des risques d'explosion en plein vol en 2016, au moment des primaires, voire pire encore, en 2017. »
Toujours favori à l'UMP ?
C'est aussi le point de vue de David-Xavier Weiss, jeune adjoint à la mairie de Levallois : « Plus la justice s'acharnera ou en tout cas essaiera de l'accrocher pour telle ou telle affaire, plus ce sera compliqué d'exposer son projet pour la France, quand il devra d'abord se défendre auprès des juges et auprès de l'ensemble des Français. »
Mais d'autres, comme Laurence, restent persuadés que l'ancien président reviendra dans l'arène politique, quoiqu'il arrive : « Il y a une vraie attente au sein des militants UMP pour le retour de Nicolas Sarkozy. Je ne crois que ce soit quelque chose qui soit en mesure de gêner son retour s'il le souhaitait. »
Si pour la majorité des militants, l'ancien président reste bien le favori pour la prochaine présidentielle, talloné par Alain Juppé, ses soucis judiciaires ne sont pas pour déplaire à ses rivaux au sein du parti, notamment les anciens Premiers ministres, François Fillon et Alain Juppé, qui ne font pas mystère de leurs ambitions pour 2017.
Eux sont persuadés -et depuis bien longtemps, ils le disent en off-, que les affaires empêcheront l’ex-président de revenir. Ils réclament aujourd'hui une véritable « opération main propre » à l’UMP, autrement dit, comme l’a déclaré plus brutalement le député filloniste Bernard Debré, Nicolas Sarkozy est « une branche morte qu’il faut désormais couper ».
► à (ré)écouter : Hervé Morin, l'invité du matin de RFI