L'appel à lutter contre la répression dont sont victimes les homosexuels est relayé par deux nouveaux participants à la Gay Pride de Paris. Un défilé exclusivement marocain se déroulera sur un circuit parallèle dans les rues de Paris, un appel à la liberté qui répondra aux potences grandeur nature installées sur le char de l'association Ensemble contre la peine de mort. Au Maroc, les peines pour relations avec une personne de même sexe peuvent aller de 3 à 6 mois de prison.
11 pays pratiquent la peine de mort à l’encontre des homosexuels
Marianne Rossi, chargée de mission à Ensemble contre la peine de mort, explique la présence de l’association. « Nous défilerons à la marche des fiertés avec notre char La peine de mort est homophobe pour sensibiliser les participants sur les 11 pays qui prévoient la peine capitale pour homosexualité : l’Afghanistan, l’Arabie Saoudite, Brunei, qui cette année vient de mettre en vigueur une nouvelle législation qui instaure la charia et qui prévoit la peine capitale pour homosexualité [même si elle n’a pas encore été appliquée, ndlr]. Il y a également les Emirats Arabes Unis, l’Iran, la Mauritanie, le Nigeria, le Pakistan, le Soudan, la Somalie et le Yémen ».
Mais des actions de défense des droits des homosexuels remportent heureusement quelques succès dans le monde. « Des campagnes de mobilisation internationale, notamment avec l’appui des médias et grâce à la signature de pétitions, aboutissent, poursuit Marianne Rossi. Au Royaume-Uni, par exemple, une lesbienne nigériane qui risquait d’être renvoyée dans son pays où elle risquait d’être exécutée est en sursis. La campagne de mobilisation continue et j’espère qu’elle obtiendra son statut de demandeur d’asile. La priorité pour nous est d’informer la population française qui bien souvent ignore que dans 11 pays du monde on peut être condamné à mort parce qu’on est homosexuel ».
Une délégation du Nigeria à Paris
En janvier 2014, le Nigeria a promulgué une loi qui restreint les droits des homosexuels. Quatorze ans de prison : c'est la peine maximale que risquent les homosexuels au Nigeria en cas de mariage entre personnes du même sexe. Et si les couples homosexuels affichent publiquement leur relation, c’est 10 ans.
Depuis l'adoption de cette loi en janvier, le niveau d'homophobie est encore plus élevé, selon un militant engagé pour la cause homosexuelle à Abuja. Il est aujourd'hui à Paris et a décidé de prendre la parole devant les participants de la Gay Pride à Paris.
« Le niveau d’homophobie au Nigeria était déjà élevé, mais cette loi a empiré les choses, explique t-il à RFI. Lorsque la loi est passée, c’était la panique partout. Plusieurs personnes ont été arrêtées. Certains qui avaient dans leur entourage des amis, des collègues de travail ou des membres de leur famille homosexuels, ces personnes ont commencé à utiliser cette loi pour se retourner contre des membres de leur communauté. Cette loi rend la vie plus difficile encore pour les minorités. C’est plus difficile de vivre librement. Il est devenu presque impossible de marcher dans la rue et d’afficher son homosexualité sans être directement menacé ».
Selon Reuben Abati, le porte-parole du président Goodluck Jonathan, cette loi a été approuvée parce qu'elle « correspond aux croyances culturelles et religieuses » des Nigérians. Il affirme encore que plus de 90% des Nigérians sont opposés au mariage entre personnes de même sexe.
→ Le parcours de la Gay Pride à Paris, ce samedi 28 juin 2014