« La DGSE peut lire à livre ouvert dans l'origine et la destination de toutes les communications des clients d'Orange », écrit le journal Le Monde dans une enquête publiée ce jeudi 20 mars. Le quotidien du soir révèle que l’opérateur téléphonique constitue une précieuse source de renseignement sur laquelle s’appuient les services de l’État, qui n’ont pas la capacité d’écouter tout le monde en permanence.
Or, les interceptions sont en principe strictement encadrées par la loi du 10 juillet 1991, intégrée en 2012 dans le Code de la sécurité intérieure. L'article 20 de la nouvelle loi de programmation militaire prévoit quant à lui la mise à disposition des données traitées par les réseaux, en temps réel ou après stockage. Il s'agit là dans des mesures exceptionnelles, généralement décidées dans le cadre d'enquête antiterrorisme.
Mais la doctrine en vigueur dans les services de renseignement, surtout aux États-Unis, consiste plutôt de tout intercepter au motif que cela pourra toujours servir un jour. Or, si la DGSE peut légalement intercepter tout ce qui circule dans les airs, par voie hertzienne, GSM, wi-fi, et Internet par satellite, elle doit disposer d'énormes capacités de calcul pour faire le tri dans tout ce qu'elle peut récupérer.
Les services de renseignement ont donc tout intérêt de se rapprocher des opérateurs nationaux comme Orange, pour mieux cibler leur recherche sur les réseaux, voire piocher dans les armoires de stockage des opérateurs et reconstituer des organigrammes à partir de numéro de téléphone. C'est d'autant plus intéressant qu'Orange a des filiales à l'étranger, et notamment en Afrique.
Ces relations ne sont pas nouvelles. France Télécom pour les lignes téléphoniques et Alcatel pour les câbles sous-marins, ont toujours apporté leur concours à la DGSE.