Dans ces conversations, l'avocat qualifie de « bâtards » les juges de Bordeaux qui avaient mis Nicolas Sarkozy en examen dans le cadre de l'affaire d'abus de faiblesse présumé de la milliardaire Liliane Bettencourt. Mais surtout, l'ancien président paraît avoir été renseigné sur le cours de ses affaires judiciaires par un magistrat haut placé, Gilbert Azibert.
Il était déjà cet ancien président de la République qui s'achète un second téléphone, sous une fausse identité, pour échapper aux écoutes de la justice. Les révélations de Mediapart décrivent désormais ce qui ressemble fort à une opération de corruption d'un magistrat de la Cour de cassation.
Une image de plus en plus sulfureuse
Le dossier Sarkozy s'alourdit, et il est potentiellement explosif pour l'ex-chef de l'Etat. A chaque révélation, l'image de Nicolas Sarkozy devient de plus en plus sulfureuse. Et le feuilleton ne fait peut-être que commencer. D'où l'embarras notable à droite, où l'on insiste surtout sur la violation du secret de l'instruction, et pas sur ce que disent ces enregistrements.
À gauche, évidemment, on retrouve des couleurs après la tentative de contre-feu lancée la semaine dernière par l'UMP autour de la ministre de la Justice Christiane Taubira. Les faits sont graves selon le parti majoritaire, qui dénonce les pressions de Nicolas Sarkozy vis-à-vis de l’institution judiciaire. Ces révélations, dit-on, sont révélatrices d'une étrange conception du pouvoir et de la démocratie.
« Racaille d'Etat »
« La lecture des documents publiés hier soir par Mediapart est ahurissante, hallucinante et surtout attristante », a commenté le numéro 1 du PS, Harlem Désir. Un député socialiste va même jusqu'à parler de « racaille d'Etat ». Mais personne dans la majorité n'imagine tirer profit de ce lourd climat des affaires.
A droite, Jean François Copé, le président de l’UMP, appelle à la retenue. Il regrette que ces révélations interviennent en pleine campagne des municipales. Alors qu'à l’extrême droite, Jean-Marie Le Pen relève justement ce timing et dénonce un règlement de compte entre la majorité et l’UMP.
A quatre jours du premier tour des municipales, le « tous pourris » pourrait bien l'emporter.