Mort de François Cavanna, Rital iconoclaste

Le festival d'Angoulême ouvre ses portes ce jeudi 30 janvier mais sous le signe du deuil, puisqu'on a appris ce matin la mort de François Cavanna, journaliste, dessinateur, auteur d'une cinquantaine de livres (dont Les Ritals et Les Russkofs tous deux autobiographiques), co-fondateur du journal provocateur Hara-Kiri qui révolutionna la presse française et ouvrit la voie à mai 68.

Avec sa crinière blanche de druide, ses moustaches de Gaulois et son franc-parler, François Cavanna était le représentant charismatique des libertaires anti-militaristes, anti-ordre établi.

Fils d'ouvriers italiens, né en 1923, il ne cessa de rendre hommage aux instituteurs qui lui donnèrent le goût de la langue française. C'est comme dessinateur qu'il trouve un emploi, après la Seconde Guerre mondiale, chez Zéro, un journal vendu à la criée. Il y rencontre Georges Bernier, le futur Professeur Choron, avec qui il crée en 1960 Hara-Kiri, journal auto-proclamé « bête et méchant ».

S'entourant de jeunes dessinateurs de talent, fils de prolétaires comme lui, Wolinski, Reiser, Topor ou Cabu, François Cavanna autorise toutes les provocations, les dessins scatologiques ou sexuels, choquant la France gaulliste.

En novembre 1970, Hara-Kiri hebdo titre « Bal tragique à Colombey : 1 mort ». La manchette provocatrice, amalgamant la mort du général de Gaulle et un incendie meurtrier dans une discothèque, fait scandale. Hara-Kiri est interdit, et renaît de ses cendres sous le nouveau titre Charlie Hebdo.

Insurgé impénitent, François Cavanna rêvait de supprimer la mort... A 90 ans, l'utopiste a perdu son dernier combat, mais se sera bien battu.
 

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