Avec sa crinière blanche de druide, ses moustaches de Gaulois et son franc-parler, François Cavanna était le représentant charismatique des libertaires anti-militaristes, anti-ordre établi.
Fils d'ouvriers italiens, né en 1923, il ne cessa de rendre hommage aux instituteurs qui lui donnèrent le goût de la langue française. C'est comme dessinateur qu'il trouve un emploi, après la Seconde Guerre mondiale, chez Zéro, un journal vendu à la criée. Il y rencontre Georges Bernier, le futur Professeur Choron, avec qui il crée en 1960 Hara-Kiri, journal auto-proclamé « bête et méchant ».
S'entourant de jeunes dessinateurs de talent, fils de prolétaires comme lui, Wolinski, Reiser, Topor ou Cabu, François Cavanna autorise toutes les provocations, les dessins scatologiques ou sexuels, choquant la France gaulliste.
En novembre 1970, Hara-Kiri hebdo titre « Bal tragique à Colombey : 1 mort ». La manchette provocatrice, amalgamant la mort du général de Gaulle et un incendie meurtrier dans une discothèque, fait scandale. Hara-Kiri est interdit, et renaît de ses cendres sous le nouveau titre Charlie Hebdo.
Insurgé impénitent, François Cavanna rêvait de supprimer la mort... A 90 ans, l'utopiste a perdu son dernier combat, mais se sera bien battu.