Pour décrypter, trier, analyser les données confidentielles de la banque HSBC sorties de Suisse, Bercy avait mis les gros moyens : du personnel supplémentaire et un ordinateur dernier cri de 300 000 euros. Pourtant, les enquêteurs ont vite compris que leurs investigations dérangeaient, d'autant que des noms connus commençaient à émerger.
Ainsi, le directeur des enquêtes fiscales a-t-il reçu un jour l'ordre - oral - de cesser les investigations, avant d'être brutalement remercié. Il s'est peut-être heurté à ce moment-là à ce que les initiés appellent « le verrou de Bercy », autrement dit le pouvoir discrétionnaire du ministre et de lui seul, de poursuivre en justice ou non les contribuables indélicats.
« Cabinet noir »
Un mécanisme très décrié par ceux qui demandent plus de transparence et qui parlent de véritable « cabinet noir » au coeur de l'Etat. Puis, le dossier a été déjudiciarisé de Nice à Paris, où il s'est petit à petit vidé de sa substance. Brusquement des noms ont disparu, les délais d'instruction se sont allongés, de même que la mine des magistrats.
Pour le député socialiste Christian Eckert, qui a rédigé un rapport sur l'affaire HSBC, il y a eu clairement volonté d'enterrer l'affaire dès qu'elle est arrivée dans la capitale.