Gagner la bataille de l'emploi, ça reste en 2014, l'ambition du président de la République qui a reconnu, lors de ses voeux aux Français, qu'il faudrait peut-être patienter un peu plus que prévu : « En 2013, le chômage est resté à un niveau encore élevé, même si la tendance de ces derniers mois s’améliore. Les résultats sont forcément longs à apparaître mais ils sont là et j’ai confiance dans les choix que j’ai faits pour le pays...Je vous le redis ce soir, je n’ai qu’une priorité, qu’un objectif, qu’un engagement, c’est l’emploi ».
François Hollande se veut confiant, sûr de lui et de sa politique. Mais c'est une posture qui ne convainc pas, en tout cas dans l'opposition de droite. Le député UMP du Nord, Sébastien Huyghe, a écouté les voeux du président de la République mais n'en a pas pour autant été rassuré. Et pour lui, la promesse non tenue d'inverser la courbe du chômage n'est pas sans conséquences : « Le plus gros enjeu qui va exister pour François Hollande, c’est celui de la crédibilité. On l’a vu avec la fin de l’année 2013 et cette invraisemblable histoire d’inversion de la courbe du chômage, où les chiffres montraient que le chômage continuait à augmenter et que François Hollande et les membres du gouvernement n’ont pas arrêté, sur les ondes, de dire que la mission était remplie, que la courbe s’était inversée. La crédibilité était en-dessous de zéro. Pour cette année 2014, il faudra que François Hollande fasse preuve de crédibilité ».
Le défi de la crédibilité
Retrouver de la crédibilité en 2014, c'est en effet une nécessité observe aussi le politologue Olivier Rouquan, du Centre d'étude et de recherche de science administrative et politique. Selon lui, pour y parvenir, le président de la République et le gouvernement doivent s'atteler à la tâche : « Il est clair qu’il va falloir trouver des idées et clarifier la stratégie de réforme parce que les gens ne comprennent plus où le chef de l’Etat, où le gouvernement veulent aller. Donc il faut redonner du dynamisme politique, c’est ce qui va compter ».
Il faut clarifier, réformer et obtenir des résultats, notamment en améliorant la compétitivité des entreprises. Pour cela, François Hollande a proposé un nouvel outil : le pacte de responsabilité, qui consiste à alléger les charges des entreprises en échange d'une augmentation des embauches. Une bonne initiative selon Thierry Mandon, le porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, qui pense néanmoins qu'elle n'est pas suffisante : « Il faudra compléter l’arsenal annoncé par le président lors de ses vœux par des plans sectoriels. Sur la transition énergétique, il l’a vaguement évoqué, mais aussi sur la relance du bâtiment, du logement, peut-être sur d’autres pistes. Sans des mesures fortes de soutien à la croissance, on n’y arrivera pas. »
François Hollande doit aussi relever un autre défi : celui de réduire les dépenses publiques. Faire des économies, c'est en effet une nécessité, surtout pour réussir à baisser les impôts. Car François Hollande l'a bien compris, les Français sont en plein ras-le-bol fiscal. Lors des vœux de 31 décembre, le chef de l’Etat l’a souligné : « Nous devons faire des économies partout où elles sont possibles… pour pouvoir à terme baisser les impôts. C’est là le sens de la réforme fiscale que nous avons engagée ».
Un remaniement probable
Cette réforme fiscale a été annoncée par Jean-Marc Ayrault. Mais François Hollande la reprend à son compte et lui fixe un objectif politique. La mise en oeuvre de ce chantier important protègera-t-elle le Premier ministre s'il y a un remaniement ? C'est à voir. En tout cas, il semble qu'un changement d'équipe gouvernementale est probable en 2014. Vraisemblablement après les élections municipales et européennes. Deux tests d'envergure nationale qui s'annoncent mal pour le gouvernement, et dont les résultats dicteront certainement l'ampleur du remaniement.
D'ici là, le chef de l'Etat a appelé ses ministres à répondre à des « objectifs collectifs et partagés », donc à éviter les couacs. Une exigence qu'il avait déjà manifestée en 2013 mais qui cette année sonne comme une mise en garde.