Début de l'examen du projet de loi contre la prostitution en France

L'Assemblée nationale se penche, cette semaine, sur la proposition de loi visant à sanctionner les clients de prostituées par une contravention. Des associations féministes et de gauche se déclarent en sa faveur, au nom d'une position morale de respect des droits humains. Côté politique, comme souvent sur les sujets de société, il n'y a pas une position de droite et une autre de gauche mais des partisans et des opposants dans les deux camps.

Ce texte, porté entre autres par la députée PS Maud Olivier et soutenu par la ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, fait l'objet d'un débat passionné.

Le Mouvement du Nid travaille à la réinsertion des prostituées. Pour sa porte-parole, Claire Quidet, ce sont toujours les prostituées qui sont en première ligne et montrer du doigt alors que les clients ne sont jamais menacés.

Pour l'association du Nid, la proposition de loi va dans le bons sens : « Ce que nous demandons, c'est le renversement de la charge pénale. Et que pour la première fois, le client sorte de l'ombre et que celui qui fait que ce système perdure parce qu'il l'entretien avec l'argent qu'il débourse soit celui sur qui pèse la responsabilité des actes plutôt que sur les personnes prostitutées. »

Une précarisation des prostituées dénoncée

Christian Andreo de l'assiociation aides qui mêne des actions de prevention santé auprès des prostitués lui répond : « Effectivement, on enlève la charge pénale et on la bascule potentiellement sur les clients mais c'est la même chose. Il ne faut pas croire que l'on va éradiquer la prostitution juste en pénalisant les clients. Il va y avoir des stratégies de détournements. Cela va encore accentuer la clandestinité. »

Le responsable pointe du doigt une politique en défaveur des prostituées d'origines étrangères. Il dénonce ce texte qui risquerait, selon lui, de précariser davantage les prostituées : « On s'attaque aux personnes en situation de prostitution les plus fragiles. Qui on vise avec cela ? Les personnes étrangères. Il ne faut pas se leurer.  La personne structurée avec son réseau sur internet, dans une prostitution hyperchic ne sera pas embêtée. »

Il est difficile d'évaluer le nombre de prostitués, il y aurait entre 20 000 et 40 000 prostituées en France.

A (RE) ECOUTER : Pénaliser le client pour lutter contre la prostitution
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Division politique sur le sujet

Pénaliser les clients des prostitués, c'est surtout autour de cette mesure que se cristallise le débat. Et pourtant, selon la députée socialiste Maud Olivier qui défend le texte, c'est une nécessité : « Il faut absolument que l'on réduise la demande. Il est évident que les clients doivent être conscients qu'avec leurs argents ils alimentent les proxénètes. »

L'objectif est d'essayer de protéger les prostitués des violences. Le porte-parole du groupe PS Thierry Mandon  partage cette position : « Je suis contre la marchandisation des corps dans ce domaine comme dans d'autres. »

Une position de principe qui est aussi celle de l'UMP Eric Ciotti : « En conscience, je voterai ce texte, parce que cela peut présenter une avancée dans la lutte contre la traite des êtres humains. »

Une fausse bonne idée

Même si ce constat n'est pas forcément remis en cause, d'autres comme le socialiste Bernard Roman s'interrogent pourtant sur l'utilité de sanctionner les clients par une amende : « La crainte c'est laquelle ? C'est qu'à partir du moment où l'on pénalise le client, c'est-à-dire qu'on prohibe la prositution, on ne va pas la cacher ? ».

L'UMP Bernard Debré est sur la même ligne : « Moi, je ne voterai pas la condamnation, la pénalisation des clients. Je crois que c'est une fausse bonne idée pour se donner bonne conscience. » Fausse bonne solution, ou avancée, le débat est lancé.

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