France: semaine de revendications dans l'éducation

La semaine s’annonce agitée pour le gouvernement avec une succession de grèves qui débute. A la manœuvre, les enseignants, animateurs et parents d'élèves, mais aussi les élus locaux. La cible de cette semaine de mobilisation est la réforme des rythmes scolaires ainsi que son initiateur Vincent Peillon.

Vincent Peillon avait parlé d'une révolution douce, c'est une levée de boucliers.
Tout de même, avant de pointer les dysfonctionnements, il faut rappeler qu'une majorité d'enseignants et de parents d'élèves approuve l'idée de la réforme

Par exemple, le SNUIPP, premier syndicat des enseignants du premier degré, a lancé une pétition pour la réouverture de discussions mais pas pour abroger cette réforme. Certes, c'est la réforme qui est visée, les principaux acteurs parlent d'une réforme appliquée à la hâte sans aucune concertation.

La contestation porte sur la fatigue et la nervosité des enfants, le manque de repères des petits. Dans une école primaire à Belleville, à Paris, des parents d'élèves disaient que, pour les enfants, la notion de territoire est complètement brouillée, ils ne savent plus qui est qui, et ce qui relève de l'apprentissage ou du jeu.

Certains dénoncent le manque de locaux, des enseignants évoquent des activités lecture en maternelle, effectuée dans un couloir. La contestation porte aussi sur le manque d'animateurs (en grève ce 12 novembre) sur des activités qui ressemblent à de la garderie, sur une grande désorganisation en somme.

Animateurs en grève et grogne aussi du côté des équipes municipales

C’est une réforme qui coute cher et l'Association des maires de France ne cesse depuis le début de répéter que les communes n'ont pas les moyens de mettre en place la réforme.

Les élus ne manquent pas de remarquer que le fonds d'amorçage de 250 millions, mis à disposition par l'État, a d'ores et déjà été consommé à hauteur de 170 millions en 2013, alors même que seules 17% des communes sont passées au rythme de 4,5 jours.

La mobilisation est surtout de droite. A quelques jours du congrès des maires de France, 50 maires de droite ont annoncé qu'ils n'appliqueraient pas la réforme des rythmes scolaires « en l'état ».

Chef de file de la contestation, Jean-Michel Fourgous, maire UMP d'Elancourt, dans les Yvelines, avait déjà lancé une pétition en septembre contre la réforme des rythmes, qu’il décrit comme « une aberration économique, familiale et éducative », et qu’il accuse d'entraîner « une hausse des impôts locaux ».

Pour calmer les inquiétudes des maires, Jean-Marc Ayrault a donné son accord pour « la pérennisation en 2014 du fonds d'aide aux communes pour la mise en place des nouveaux rythmes scolaires ».

Les communes recevraient ainsi 45 euros par enfant et les communes situées en zone urbaine sensible ou en zone rurale 150 euros par enfant en 2014.

Une réforme devenue un enjeu politique

Le sujet est devenu politique depuis que Jean-François Copé est allé jusqu'à demander le report de la réforme. En ligne de mire, l'échéance des municipales, en 2014. Le patron de l'UMP s'élève notamment contre le financement de la réforme, qu'il juge « intenable ».
Jean-François Copé a même inventé une nouvelle formule, « la taxe Peillon », pour parler du surcout des communes pour appliquer la réforme.

Le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon a beau dire que tout va bien hormis quelques dysfonctionnements, l'Elysée prend très au sérieux la grogne qui monte. A cinq mois des municipales, François Hollande ne comprend pas comment son gouvernement a pu se mettre à dos une grande partie du corps enseignant qui vote majoritairement à gauche alors que le ministère de l'Education a bénéficié d'un budget conséquent.

Partager :