À l'heure où les armées vont devoir faire des économies, en France, le rapport de la Cour de comptes vient rappeler une réalité : l'armée française a fait fondre ses effectifs de 44 000 hommes en cinq ans, mais dépense toujours plus pour payer ses salariés. Plus 5,5 %, entre 2008 et 2012 alors que, sur la même période, les effectifs ont diminué de 8,6 %. À tel point, rappellent les rapporteurs, qu'il a fallu en 2012 aller piocher 474 millions d'euros dans les crédits d'équipements pour payer les militaires.
Lors de la précédente réforme, les réductions d'effectifs ont concerné les petits salaires alors que les postes de colonel et de généraux - rémunérés entre 5000 et 9000 euros par mois - continuaient d'augmenter. En moyenne, chaque soldat est payé environ 2 500 euros par mois.
La Cour des comptes souligne que la prochaine Loi de programmation militaire (LPM 2014-2019) devra prévoir un processus d'encadrement de la masse salariale. En clair, pousser vers la sortie un millier d'officiers chaque année en les incitant au départ et mieux sélectionner les avancements.
Chasse aux gros salaires
Avec un effectif de 191 650 hommes contre 235 230, les militaires britanniques sont moins nombreux, mais la Cour des comptes, s’appuyant sur des chiffres de 2010, rappelle que les dépenses de personnel y sont plus élevées qu’en France. Avec moins de soldats, la Grande-Bretagne dépense près de 58 000 euros en moyenne chaque année pour payer ses militaires contre environ 40 000 euros en France.
Les rapporteurs soulignent toutefois qu’il convient de replacer ces chiffres dans les contextes économiques des deux pays en tenant compte du coût de la vie. Ils soulignent aussi que les officiers britanniques ne peuvent pas disposer de leur retraite avant 35 ans de service, contre 25 ans pour les militaires français.
Des primes à tous les étages dans l’armée française
La Cour des comptes explique enfin la difficulté à maitriser la masse salariale par les ratés du logiciel de solde « Louvoi », mais aussi par la multiplicité des primes dont bénéficient les militaires.174 primes différentes qui représentent 2,7 milliards de dépenses en 2012.
Le rapport cite quelques exemples : prime à la mer, prime d‘éloignement, prime de parachutisme, indemnité spéciale pour les plongeurs-démineurs, allocation spéciale de développement des ingénieurs de l’armement, etc. La Cour appelle à la suppression de certaines d'entre elles, et plus généralement à un renforcement de la gouvernance de la « chaîne des soldes ».