Hollande à Florange: retour en terrain miné

François Hollande est de retour à Florange. Comme il s'y était engagé lors de sa dernière visite pendant la campagne présidentielle, le président de la République revient dans la ville qui a vu ses hauts fourneaux fermer au printemps dernier après plusieurs mois de lutte entre la direction d'ArcelorMittal et les salariés. Des salariés qui attendent désormais le président de pied ferme.

Décidé à ne pas faire de Florange son Gandrange - à savoir un endroit à éviter à tout prix, comme ce fut le cas pour Nicolas Sarkozy - François Hollande se rendra jeudi 26 septembre sur le site d'ArcelorMittal.

Mais les représentants syndicaux ont annoncé la couleur : François Hollande ne sera pas accueilli à Florange les bras ouverts. « On lui dira les yeux dans les yeux ce qu'on a à lui dire pour la situation passée et on attendra de sa part peut-être quelque chose pour l'avenir, même si on n'attend pas grand-chose. On ne lui dira pas des amabilités », prévient Frédéric Weber, délégué Force ouvrière (FO).

A Florange, un goût plus qu'amer reste dans toutes les bouches. En février 2012, pendant la campagne présidentielle, alors que la ville se bat encore pour la survie de ses hauts fourneaux, le candidat François Hollande, juché sur un camion, promet de faire pression sur ArcelorMittal en faisant voter une loi qui oblige à céder un site rentable et non à la fermer. Finalement, les hauts fourneaux vont bien fermer avec à la clé la suppression de 629 emplois, sans licenciements.

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Ce qui interpelle aujourd'hui certains syndicalistes, c'est la raison même de cette venue de François Hollande en terres lorraines. « Venir pour venir, ça n'a aucune utilité. Mais peut-être qu'on se trompe et que le président va nous sortir du chapeau quelque chose de positif. Aujourd'hui, je le dis clairement, on n'y croit pas trop », poursuit Frédéric Weber.

Le chef de l'État devrait dire ce qu'il a pu faire et ce qu'il n'a pas pu faire, croit savoir un élu. Florange n'est pas à l'arrêt : même si les hauts fourneaux ont fermé, la filière froide fonctionne encore.

De plus, le Parlement a commencé l'examen de la proposition de loi, annoncée par le candidat Hollande, pour obliger les entreprises qui veulent fermer un site industriel à le céder si un repreneur se présente. Une version beaucoup moins ambitieuse qu'initialement prévue. « Les proches du président avaient dit que l'année 1, c'était l'échec de Florange, et que l'année 2 partirait sur une reconquête. Et bien pour nous, l'année 1, c'est l'année de la stèle. On espère que l'année 2 ne sera pas celle du mausolée », conclut Frédéric Weber.

François Hollande arrive aussi pour détailler le pacte lorrain, signé par l'Etat et la région, un plan assorti de 300 millions d'euros d'investissement dans la recherche et de nouvelles filières. Les salariés, eux sont plus prosaïques. Ils attendent plutôt des mesures qui les concernent plus directement, comme par exemple la défiscalisation des primes liées à la suppression de leurs emplois.

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