La pauvreté en France a un visage de femme

La pauvreté a encore progressé en France cette année. Et les femmes en sont les premières victimes. Telle est la conclusion d’une enquête Ipsos présentée ce jeudi 5 septembre par le Secours populaire français.

Partout en France, la pauvreté s’aggrave. L’année dernière, 37 % des Français interrogés déclaraient avoir vécu une situation de précarité, aujourd’hui ils sont 41 % !

L’inquiétude pour l’avenir des enfants atteint des records : 86 % des personnes qui ont répondu aux enquêteurs de l’institut Ipsos sont persuadées que leurs enfants risquent de connaître dans leur vie une insécurité financière importante.

La crise qui perdure augmente la proportion de populations fragilisées et suscite des inquiétudes dans tous les milieux sociaux. Et dans ce contexte, les femmes sont les plus touchées. Selon le baromètre Ipsos-Secours Populaire, 56 % de toutes les victimes de la pauvreté sont des femmes.

La situation devient particulièrement préoccupante pour celles qui élèvent seules leurs enfants. 62 % des mères célibataires reconnaissent avoir affronté de sérieux problèmes d’argent au cours des 12 derniers mois. 45 % disent ne pas pouvoir vivre sans crédit. Elles redoutent toutes de basculer dans la pauvreté. «  Quand on fait face seule à la vie et que l’on a des enfants à charge, explique Christelle Craplet de l’institut Ipsos, c’est toujours compliqué de trouver du travail, de gérer ses horaires, d’éduquer ses enfants. »

Les conséquences de la précarité

La situation de précarité entraîne des conséquences d’ordre pratique et psychologique. Les femmes avec enfants, souvent isolées et exerçant des emplois précaires, s’imposent énormément de privations, y compris dans le domaine de l’alimentation et de soins.

Fathia Kadari, mère de deux garçons adolescents, abandonnée par son mari, raconte : « Même si cela ne se voit pas, les femmes qui élèvent seules leurs enfants ont beaucoup de difficultés et vivent dans une angoisse permanente. En tant qu’auxiliaire de vie, je gagne 550 euros. Quand j’ai payé les factures, il ne me reste rien. Je crains d’être expulsée de mon logement… Des fois on emprunte, des fois on n’arrive plus à joindre les deux bouts. On ne va pas chez le dentiste parce que c’est hors de prix, même pour aller chez le médecin on se prive, on achète juste du Doliprane pour la fièvre... »

Quelles solutions ?

Que faire pour éviter la précarisation des femmes ? « Avant tout lutter contre les écarts de salaires entre hommes et femmes à poste équivalent », disent les Français interrogés dans le cadre de l’enquête. Ils pensent qu’il est aussi essentiel d’agir contre le temps partiel subi et demandent que l’accès aux moyens de garde pour les enfants soit garanti.

Un projet de loi abordant l’égalité femmes-hommes dans toutes ses dimensions (égalité professionnelle, lutte contre la précarité, protection des femmes contre les violences) a été déjà présenté en juillet par la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud- Belkacem. Il devrait être discuté au Sénat le 18 septembre.

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