Fin juillet, à la gare du Nord, à Paris, les douaniers procèdent à un contrôle de routine avant embarquement quand ils découvrent dans le sac d'un homme athlétique en partance pour la Belgique la modique somme de 350 000 euros et 40 000 dollars en liquide.
Ce passager fortuné, qui a oublié de déclarer cet important transfert d'argent, dépassant le plafond autorisé par la loi, s'avère être un ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l'Elysée et même un ancien ambassadeur de France en Irak et en Tunisie.
Une mallette enterrée à côté de sa cave
Boris Boillon, puisqu'il s'agit de lui, comme le découvrent à leur grande stupéfaction les douaniers, voyageait sans papiers d'identité ni téléphone portable, mais avec plusieurs cartes de crédit. Il finit par expliquer s'être installé en Belgique depuis son départ du Quai d'Orsay, et avoir développé des activités de consultant, notamment en Irak.
Régulièrement payé en numéraire dans ce pays, il avait tout simplement décidé, déclare-t-il, de rapatrier à son nouveau domicile ces fonds encombrants, stockés en partie dans son bureau parisien, en partie dans une mallette enterrée à côté de sa cave. Ces arguments n'ont manifestement pas convaincu : Boris Boillon fait désormais l'objet d'une enquête.
► Retour sur le parcours d'un jeune diplomate proche de Nicolas Sarkozy
Cet arabisant au sourire enjôleur et à la silhouette d'athlète a commencé sa carrière fulgurante comme conseiller auprès de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur. Un Nicolas Sarkozy qu'il a bientôt retrouvé au Palais de l'Elysée, au sein du cercle de confiance très rapproché de l'ex-président. Boris Boillon a notamment été très impliqué dans l'affaire de la libération des infirmières bulgares. Et c'est pour le remercier qu'il a été nommé successivement ambassadeur en Irak en 2009, puis en Tunisie.
Cependant, alors que, déjà, la presse française commençait à mettre en lumière ses liens troubles avec le régime de Kadhafi, Boris Boillon s'est aussi très vite attiré l'hostilité des journalistes tunisiens. Un véritable éclat en pleine conférence de presse a eu tôt-fait de tourner sur les réseaux sociaux, ruinant en un instant tous les espoirs de ce jeune diplomate prometteur, qui avait pris en quelque sorte la grosse tête.
Avec l'arrivée de la gauche au pouvoir, Boris Boillon a été remercié et il a profité de sa connaissance du Proche et du Moyen-Orient, ainsi que de ses contacts, pour devenir consultant indépendant. Il travaille désormais beaucoup avec l'Irak notamment, qu'il connaît comme sa poche.