France: hausse des cotisations sociales pour financer les retraites

Dès la fin de la concertation entre partenaires sociaux au sujet de la réforme des retraites, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a rendu ses arbitrages. Il a notamment annoncé que le gouvernement financerait la réforme des retraites via une augmentation des cotisations des actifs et des entreprises mais sans hausse de la CSG, une option encore privilégiée il y a quelques jours.

Les arbitrages effectués par l'exécutif sont désormais connus. La première piste, qui semblait privilégiée depuis plusieurs semaines, c'est l'allongement de la durée de cotisation. Cette piste est confirmée.

Elle va passer progressivement à 43 ans d'ici à 2035, contre 41 ans et demi aujourd'hui. En revanche, on le savait, l'âge légal du départ à la retraite reste inchangé à 62 ans. Pour partir à 62 ans, il faudra donc avoir commencé à travailler à 19 ans. Pour information, aujourd'hui l'âge moyen d'entrée sur le marché du travail est d'un peu plus de 23 ans.

Deuxième élément, le financement de la réforme. Le gouvernement n'a pas retenu l'idée d'une augmentation de la CSG, la contribution sociale généralisée. Ce sont donc les cotisations patronales et salariales qui vont augmenter de 0,15% dès 2014 pour atteindre enfin 0,3% en 2017. Cela signifie que le coût du travail va encore augmenter d'autant qu'un compte pénibilité, financé par les entreprises sera lancé en 2015.

Mais il semble que le patronat ait obtenu par ailleurs une baisse sur le financement de la Sécurité sociale. Après avoir rassuré les partenaires sociaux, le gouvernement a donc fait ses choix et va devoir les assumer. Plusieurs syndicats ont déjà annoncé une journée d'action le 10 septembre.


Réactions chez les partenaires sociaux

Ce mardi soir, le président de l'organisation patronale Medef Pierre Gattaz a déclaré que la réforme présentée par Jean-Marc Ayrault n'était « pas acceptable », car « dangereuse ». « A vrai dire, c'est même une "non-réforme" : aucun problème structurel n'est résolu. Le gouvernement ne fait que taxer, taxer », explique M. Gattaz.

Les syndicats CGT et FO ne sont pas satisfaits non plus. « La CGT n'a pas été entendue par le gouvernement », estime Eric Aubin, membre de la direction de la Confédération générale du travail. « Nous avions fait des propositions de réforme de fond avec des mesures de court terme et de long terme mais le Premier ministre a balayé d'un revers de main les propositions de la CGT. » « Plus que jamais, la manifestation du 10 septembre (appelée par plusieurs centrales, NDLR) est nécessaire pour peser sur les choix et faire en sorte que d'autres choix soient faits. »

Pour Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, l'allongement de la durée de cotisation après 2020 « n'est pas un signe d'espoir pour les jeunes ». « Le Premier ministre a pris les chaussons de M. Fillon puisqu'il prolonge ce qu'avait fait M. Fillon en 2003, à une époque où il n'était pas d'accord. » Deux bons points tout de même : l'augmentation de la cotisation privilégiée à une hausse de la CSG, et la création d'un compte pénibilité.

La CFDT s'est, elle, félicitée dans un communiqué des « mesures de justice » obtenues, notamment la création d'un compte personnel pénibilité et plusieurs « mesures importantes en faveur des jeunes en apprentissage ». « La CFDT prend acte des efforts partagés et mesurés qui sont demandés et restera vigilante sur la concrétisation des mesures de justice annoncées », assure-t-elle.

Partager :