A désormais quelques semaines de la rentrée scolaire, et alors que plus de deux millions d’étudiants s’apprêtent à retrouver le chemin des amphis, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault s’est déjà activé pour essayer d’endiguer la hausse annuelle du coût de la vie des étudiants.
Le logement, la moitié du budget d'un étudiant
Les principales mesures concernent le poste de dépense le plus important : le logement. Il représente à lui seul plus de la moitié du budget d'un étudiant. Lundi 19 août, Geneviève Fioraso a ainsi annoncé la création d'un système de caution locative. La ministre de l'Enseignement supérieur veut, en fait, aider les jeunes qui ont du mal à trouver un appartement, et plus particulièrement ceux qui vivent dans des familles monoparentales, sont isolés ou viennent de l’étranger. Le principal écueil qu’ils rencontrent lors de la recherche d’un appartement est le manque de garantie financière qu’ils peuvent apporter. Dans leur cas, ce sera donc désormais l’Etat qui se portera garant.
Mais si cette mesure peut être efficace pour parvenir à trouver un logement, elle ne règle pas pour autant la question des loyers. C’est là qu’entre en jeu la loi Duflot. Celle-ci est censée encadrer le prix des loyers à la relocation. Ce dispositif prouve bien son efficacité, mais ne règle pas le problème pour autant. Car si la part du loyer dans un budget reste à peu près constante, ce n’est pas le cas de tout le reste. C’est bien simple, tout augmente : le prix de l'électricité, de l'assurance habitation, de la taxe d'habitation... Et ce, alors que les aides aux logements (APL) n'ont pas bougé depuis 1993.
Reste la solution du logement public, avec les cités universitaires. Mais c'est un euphémisme de dire qu'elles ne permettent pas de loger grand monde. Il n'y a de la place que pour seulement 7 % des étudiants - à Paris c'est encore pire, seuls 3 % d'entre eux peuvent espérer avoir une chambre en cité U à la rentrée. Ici aussi, le gouvernement a pris des engagements, 40 000 chambres supplémentaires devraient sortir de terre d'ici à la fin du quinquennat, mais ce sera une promesse dure à tenir si le rythme des constructions n'augmente pas.
Il n’y pas que le logement qui augmente
Non seulement les étudiants doivent bien se trouver un toit, mais ils doivent également se nourrir ou encore se déplacer. Et là aussi, ils doivent faire face à une augmentation généralisée du coût de la vie, et presque tout y passe : les frais d'inscriptions à l'université, les prix des titres de transport, de la sécurité sociale étudiante, du ticket de restaurant universitaire...
Si, comme 75% d’entre eux, on n’est pas boursier, il ne reste donc pas grand-chose à faire. Soit l’on fait appel à l’aide des parents, pour qui il est également de plus en plus compliqué de venir en aide aux enfants (financer l’année d’un étudiant revient à presque la moitié du revenu annuel d’une famille dont les deux parents touchent le revenu médian), soit l’on décide de travailler en dehors des cours. Le salariat étudiant augmente ainsi d'année en année. En 2012, ils étaient plus d'un million à travailler à la sortie des amphithéâtres, au détriment, forcément, des études et de la réussite scolaire.
Le gouvernement tente, ici aussi, de faire quelque chose, avec notamment la création de 7 000 aides à l'autonomie qui peuvent aller jusqu'à 550 euros par mois. Mais une fois encore, pour les syndicats, ce chiffre de 7 000 semble bien petit, à la vue des besoins.
Un système à deux vitesses
Si la situation n’est tout de même pas catastrophique pour une grande majorité des élèves de l’enseignement supérieur, on constate cependant l'émergence d'une sorte de système à deux vitesses. Les élèves boursiers - qui représentent un quart des étudiants français - s’en sortent à peu près bien, d'autant plus que deux nouveaux échelons ont été créés et qu'ils sont ainsi plus nombreux à avoir des aides. Pour les autres, en revanche, la situation financière de la famille devient de plus en plus prépondérante. Ce type d’inégalité a toujours existé, mais il s’agit là d’une tendance nette qui ne fait que se renforcer au fil des ans. On assiste ainsi à de nouveaux phénomènes : un tiers des étudiants, par exemple, a ainsi décidé d’effectuer des coupes claires dans son budget santé et ne va plus chez le médecin.