France : visite aux multiples enjeux pour le Premier ministre Jean-Marc Ayrault aux Antilles

Le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, arrive en Martinique ce mercredi 26 juin 2013. Il entame à Fort-de-France une visite de trois jours durant laquelle il se rendra aussi en Guadeloupe. Une première visite en outre-mer à l’occasion de laquelle Jean-Marc Ayrault rendra hommage à Aimé Césaire, le poète qui aurait eu 100 ans ce mercredi.

De notre envoyée spéciale à Fort-de-France,

C’est le premier déplacement de Jean-Marc Ayrault outre-mer et s’il a choisi de se rendre en Martinique à cette date, c’est pour une occasion bien particulière : la célébration du centenaire de la naissance d’Aimé Césaire, à laquelle le Premier ministre va donc participer. Dès son arrivée, Jean-Marc Ayrault va d’ailleurs se rendre au cimetière de La Joyaux où il va fleurir la tombe d’Aimé Césaire. En rendant hommage à Aimé Césaire, qui fut un responsable politique mais aussi un intellectuel universellement reconnu, le Premier ministre va donc saluer l’apport de la Martinique au patrimoine national et manifester la reconnaissance et l’attachement au lien entre la métropole et ces territoires outre-mer.

Mouvement de grève

La visite de Jean-Marc Ayrault en Martinique et en Guadeloupe va se dérouler dans un contexte tendu. Son arrivée va être saluée par un mouvement de grève qui touche une grande partie des stations-service en Martinique et en Guadeloupe. Les gérants veulent pouvoir obtenir plus de marge et protestent contre un projet de décret qui vise à réguler les tarifs de l’essence. Les représentants des grévistes espèrent être reçus par Jean-Marc Ayrault, qui va donc avoir une crise à gérer au cours de sa visite.

Au-delà de ce mouvement de grève, la situation économique et sociale dans les deux îles est difficile. Le chômage est élevé, aux alentours de 20%. Le problème de la vie chère est très présent et source de tensions. Jean-Marc Ayrault ne va certainement pas amener dans sa besace des solutions miracles. Mais comme en métropole, il va faire de la pédagogie et expliquer la « boîte à outils » du gouvernement pour résoudre la crise, lutter contre le chômage, améliorer la compétitivité et retrouver la croissance.

La question de la défiscalisation, une exception fiscale réservée à l’outre-mer, fait aussi partie des sujets importants sur lesquels le Premier ministre va s’exprimer à l’occasion de ce déplacement. Et c’est une question particulièrement sensible, car ce régime fiscal spécifique qui permet une aide à l’investissement et au logement, et qui pourrait être modifié dans le cadre de la prochaine loi de finances, est considéré comme fondamental, car toute remise en cause pourrait engendrer une dégradation de la situation économique. Jean-Marc Ayrault doit évoquer cette question jeudi devant les acteurs économiques de Martinique et dire quelles transformations seront apportées au dispositif. A Matignon, on est prudent et on insiste sur l’objectif prioritaire : à savoir assurer une meilleure efficacité du dispositif tout en insistant sur le fait qu’il ne s’agit pas pour l’Etat de se désengager. Reste à savoir si les annonces réussiront à convaincre les interlocuteurs locaux.

Enjeu sécuritaire

La sécurité, c’est l’autre problème majeur aux Antilles notamment en Guadeloupe où depuis quelques mois les braquages se succèdent et créent un climat très tendu. Le sujet est sensible. Une zone de sécurité prioritaire a été créée dans la commune des Abymes. Mais la violence ne faiblit pas, au contraire, et Jean-Marc Ayrault sera très attendu sur cette question. Des revendications ont déjà été émises pour obtenir des renforts en effectifs et en moyens. Il va lui falloir y répondre.

Le Premier ministre va donc devoir faire preuve de persuasion et donner des gages aux Martiniquais et aux Guadeloupéens. Les gens sont très prudents quant à l’impact que ce déplacement pourra avoir sur leur vie quotidienne et la plupart jugeront les résultats. La visite du Premier ministre est considérée plutôt comme une bonne chose, mais certains estiment quand même qu’il faudrait que François Hollande vienne lui-même, car ce serait un signe plus fort d’intérêt.

En 2012, la Martinique et la Guadeloupe avaient voté massivement pour François Hollande, à 68% et 71%. Le rejet de Nicolas Sarkozy et l’attente de changement étaient donc très forts. Le risque de déception un an après peut l’être tout autant. Jean-Marc Ayrault n’a pas le droit à l’erreur dans son opération de communication. Il sera d’ailleurs tous les matins et tous les soirs sur les antennes locales pour faire passer son message auprès de la population.

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