A Paris, Clément Méric, un jeune homme de 19 ans présenté comme un militant d'extrême gauche, a été mortellement blessé mercredi soir, dans le quartier de la gare Saint-Lazare. Etudiant inscrit en première année à l'Institut de sciences politiques de Paris, Clément Méric assistait en compagnie de trois amis à une vente privée de vêtements dans un magasin du quartier très commerçant du Havre-Caumartin. Arrivent sur place trois skinheads, dont une femme et un homme, portant selon certains témoins une croix gammée tatouée dans le cou.
Entre les deux groupes, les invectives et les insultes commencent à pleuvoir. Il y a même un début de bousculade. Les skinheads font alors mine de s'en aller et appellent discrètement des renforts. Et c'est au moment où le jeune étudiant sort du magasin qu'il est violemment pris à partie. Frappé sauvagement par l'un des hommes, porteur d'un poing américain, Clément Méric chute alors sur la chaussée et sa tête heurte au passage un poteau. Il se met à convulser et perd connaissance. Plusieurs personnes sans domicile fixe qui vivent à l'année aux abords de la gare ont vu son « nez littéralement explosé ». Les skinheads ont aussitôt pris la fuite, avant de se congratuler quelques mètres plus loin. Selon la police, la victime, qui se trouvait dans un état de mort cérébrale, a sucombé à ses blessures.
Condamnation unanime de la classe politique
Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls dénonce ce matin une « violence qui porte la marque de l'extrême droite ». S'il a déclaré ne pas vouloir polémiquer sur le plan politique, le ministre de l’Intérieur a tout de même condamné « un discours qui favorise les passages à l’acte ».
Marine Le Pen, la présidente du Front national, a aussitôt assuré que son parti n'avait rien à voir avec cette agression. Mais certains membres de la majorité n’ont pas hésité à faire le lien entre cette attaque et le contexte politique actuel, pointant du doigt la responsabilité morale des organisateurs de la Manif pour tous. Pour l’écologiste Jean-Vincent Placé, cette agression ne serait d’ailleurs que la résultante de la droitisation extrême de la société.
« Une agression barbare »
Harlem Désir, premier secrétaire du PS, a annoncé que son parti appelait à participer au rassemblement en hommage au jeune homme prévu à 18 h 30 à Paris. Alors que le Sénat s'est dit « meurtri » et dénonce unanimement « l'assassinat abominable » de Clément Méric, Jean-François Copé, président de l'UMP, a lui condamné une « agression barbare ».
L'affaire a fait réagir jusqu'au plus haut niveau de l'Etat. En visite aujourd'hui au Japon, le président de la République, François Hollande, a condamné avec la plus grande fermeté l'agression du jeune homme. « Toutes les conclusions devront être tirées de l’enquête », a notamment déclaré le chef de l'Etat.
Des conclusions qui pourraient aboutir à une dissolution du groupe, soupçonné d’être à l’origine de l’agression. Réclamée par plusieurs élus de toute tendance, cette dissolution pourrait même être soutenue par Marine Le Pen.