«La Pirogue», un microcosme de l’Afrique

Le film de la semaine, c’est La Pirogue du Sénégalais Moussa Touré, un film coup de poing sur l’immigration clandestine qui a fait sensation lors du dernier festival de Cannes.

Le paradis, pour les passagers de La Pirogue, c’est l’Espagne. L’Espagne, qui semble à portée de main lorsqu’ils embarquent à Dakar, puis semble s’éloigner, au fur et à mesure des avaries, des pannes et des intempéries.

Moussa Touré  filme le bateau comme un microcosme de l’Afrique, peuplé d’hommes et de femmes de cultures différentes, qui parfois peinent à se comprendre, mais parviennent à cohabiter, le temps de la traversée. La Pirogue raconte leur passé, leur histoire, les raisons qui les ont poussé à braver l’Océan. Loin du misérabilisme, le film est un récit de survie en huis clos. Il raconte la peur, la lâcheté, les amitiés qui se nouent, entre les passagers frigorifiés, manquant d’eau et de nourriture, bravant la tempête sur leur embarcation de fortune.

Moussa Touré signe un film plein de pudeur et de délicatesse, de très belles images à fleur de peau et de visage. Chaque jour, des milliers d’Africains meurent noyés au large des Canaries. Et il faut saluer l’initiative du réalisateur sénégalais qui, soudain, donne un visage à ces anonymes qui d’ordinaire ne font qu’un entrefilet dans les journaux.

 

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