«The Paperboy» de Lee Daniels cherche sa vérité

Depuis Precious, le réalisateur américain Lee Daniels a une certaine réputation à défendre. The Paperboy qui sort ce mercredi 17 octobre en salles en France tient la promesse de scènes chocs. L’intérêt de cette histoire autour d’un innocent prisonnier dans le couloir de la mort est dû en partie à l’actrice Nicole Kidman mais par-dessus tout à Macy Gray qui interprète un second rôle (Anita) donnant chair à l’Amérique ségrégationniste des années 1960.

« C’est toujours resté un mystère ». Hillary Van Wetter, un chasseur d’alligators, a été condamné à mort pour le meurtre d’un shérif, sans preuves concluantes. C’était en 1969, dans un trou perdu quelque part en Floride. L’été était chaud et le shérif une ordure.

Le film est tiré d’une histoire vraie et  « tout est basé sur le roman Paperboy de Pete Dexter », proclame le film au début, ce qui ne le rend pas plus plausible. Il y a ceux qui vont se presser pour voir Nicole Kidman. Elle est excellente quand elle incarne les faces sombres de son personnage Charlotte. Au début, elle surjoue la blonde complètement folle et excentrique qui s’occupe des prisonniers dans le couloir de la mort. Des correspondances très érotiques et du sexe par télépathie qui pimentent sa vie et donnent l’espoir aux condamnés. Elle supplie les deux journalistes de venir enquêter sur le cas de Hillary Van Wetter, avant qu'il ne soit trop tard car la chaise électrique attend déjà.

L'ambiance de l'époque

Se mettent alors en place une enquête journalistique, une histoire d’amour et un dessin du sud de l’Amérique dans les années 1960. Seule la restitution de l’ambiance de l’époque tire son épingle de jeu dans le film. Le reste est plein d’effets trop faciles, de la séance sado-maso qui tourne mal, jusqu’à l’allergie contre les méduses traitée par l’urine (c’est Nicole Kidman qui écarte les jambes pour soulager Jack) ou la gorge tranchée avec une machette.
 

Pour prouver l’innocence de Hillary Van Wetter, ils enquêtent à deux : Ward Jansen, reporter au Miami Times, cherche la vérité. Son partenaire d’écriture Yardley Acheman veut faire carrière avec des articles destinés à faire vendre des journaux. Lee Daniels a transformé le Yardley du livre en un noir (David Oyelowo interprête avec brio l’arrogance de l’humilié et l’ambitieux), ce qui a son importance dans cette Amérique raciste des années 1960 et dans cette très intéressée relation homosexuelle qui lie les deux journalistes. Mais l’histoire de la première histoire d’amour vécue et subie concerne le frère de Ward, Jack, tombé raide amoureux de Charlotte.

La vraie découverte du polar de Lee Daniels est Macy Gray qui incarne Anita, la perle de la maison Jansen, la bonne noire. Elle a élevé les deux garçons, mais subit le racisme du père et le départ de la mère (qui reste inexpliqué). Avec son rôle de second plan, elle donne chair à cette Amérique ségrégationniste, à ces ambiguïtés qui humilient les Noirs en permanence.
 
La justice et le cinéma


Le reste est bien divertissant, mais souvent sans grand intérêt. L’histoire juridique reste lisse et très mystérieuse, malgré de nombreux rebondissements. Dans le film, comme dans l’histoire réelle, la justice ne semblait pas au cœur des enjeux.

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