Avec notre correspondante à Prague, Christine Dupré
Les restes des corps de douze fermiers allemands, massacrés par leurs employés tchèques à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ont désormais une sépulture avec une pierre tombale portant leurs noms.
Avec cet enterrement, les autorités du village de Dobronin, 2 000 habitants, espèrent en avoir fini avec les polémiques qui ont suivi l'an dernier la découverte du charnier. A l'origine du scandale : Miroslav Marès, un journaliste local qui avait pris connaissance d'archives allemandes.
Les fouilles, puis la découverte des corps mutilés ont ouvert une confrontation entre générations. D'un côté, les plus âgés du village et de la région, qui avaient vécu les horreurs de l'occupation allemande et qui, sans l'excuser, comprenaient la volonté de vengeance d'ouvriers agricoles tchèques peut-être maltraités par leurs patrons.
De l'autre, les plutôt jeunes comme Marès, qui voulaient faire accepter l'idée d'exactions commises par un peuple victime du nazisme. Et rappelaient que cette région du centre du pays n'était pas les Sudètes annexées par Hitler mais une région occupée, où Tchèques et germanophones ne s'entendaient pas si mal.
Lors de la messe célébrée dans la ville toute proche de Jihlava, l'évêque allemand Dieter Lang, lui-même issu d'une famille d'expulsés des pays tchèques, a parlé d'une main tendue pour la réconciliation des deux peuples.