On ne guérit pas de la torture mais on peut vivre une vie digne de ce nom, après. Les médecins, psychologues, psychiatres, kinésithérapeutes, engagés dans l'aide aux victimes, partagent ces convictions.
En France, cinq centres spécialisés seulement existent et parviennent difficilement à prendre en charge près 6 000 réfugiés sur les quelque 100 000 au moins en souffrance, comme le souligne Eléonore Morel, directrice générale du centre Primo Levi : « C'est une estimation a minima parce que l'on sait très bien que cela touche également leurs proches. Cela ne veut pas dire que tous auront besoin à un moment donné de bénéficier de soins physiques et psychologiques mais, potentiellement, ils pourraient en avoir besoin. »
Pour le savoir, il faudrait un accueil véritable de ces réfugiés. Tchétchènes, Afghans, Sri Lankais, Kurdes d'Iran, d'Irak, de Turquie et maintenant de Syrie qui, au terme de voyages longs et périlleux, sont aussitôt pris dans les mailles du filet administratif pour leur droit de séjour en France. Sans assez d'attention pour leur état de santé, ni même pour la priorité des priorités : leur hébergement.
Deux semaines à dormir dans les rues de Paris
Arnaud Vaïsse, qui dirige près de Paris le Comede, le Comité médical pour les exilés, déplore cela : « Des demandeurs d'asile dans des situations de la plus grande vulnérabilité, des personnes handicapées en fauteuils roulants vont, pour certaines d'entre elles, passer deux semaines à dormir dans les rues de Paris jusqu'à ce qu'un Samu social accepte de les prendre en charge. »
Une précarité dénoncée dans le Livre blanc des associations, qui pointe aussi le manque de formation des personnels de santé, le net durcissement des lois sur l'immigration et les restrictions sévères en matière de droit d'asile. Le statut de réfugié est refusé aujourd'hui en France à huit demandeurs sur dix. Le Livre blanc pointe également le manque criant d'interprètes professionnels au contact des réfugiés. Seul moyen d'apprendre d'eux les souffrances qu'ils ont endurées.
Pour en savoir plus :
Lire le Livre blanc « Soigner les victimes de torture exilées en France »