Louis Gallois reprend le flambeau des investissements d’avenir

Louis Gallois a été nommé ce mercredi 6 juin, en Conseil des ministres, commissaire général à l'investissement. L’ex-président du groupe européen d'aéronautique EADS succède à René Ricol qui a préféré remettre sa démission après la victoire de François Hollande à l’élection présidentielle. Cet énarque, qualifié de « patron de gauche », sera chargé de gérer la manne du grand emprunt.

Le grand emprunt, vivement critiqué par la gauche au moment de son lancement, survit finalement à son créateur, le président Sarkozy. C’est à cause de la crise financière que le chef d’Etat prend cette initiative en 2009 pour soutenir l’économie. Le montant initial de 100 milliards d’euros est revu à la baisse, à 35 milliards, à cause du niveau d'endettement de la France. L'argent levé par l’Etat sur les marchés doit permettre le financement des projets de recherche et d’innovation.

Pendant la campagne, François Hollande avait pris position pour le maintien de ce dispositif car « l’Etat doit être stratège ». Il a d’ailleurs nommé à ce poste un homme qui en connaît bien l’intérêt puisque EADS, que Louis Gallois dirigeait jusqu’à la semaine dernière, en a été l’un des grands bénéficiaires. Les filiales du géant aéronautique - Airbus pour son projet d’avion composite, Eurocopter pour l’hélicoptère du futur - ont reçu en tout 1,4 milliard d’euros.

EADS, large bénéficiaire du grand emprunt

La banque de l’industrie devrait être financée par le grand emprunt. Louis Gallois devra sans doute préciser les contours et le contenu de cette banque que François Hollande a appelé de ses vœux. Par l’intermédiaire d’Oseo, les PME-PMI ont aussi reçu un coup de pouce du commissariat, de l’ordre de un milliard d’euros à répartir entre 1 800 contrats de développement.

La recherche et l’enseignement ont été les mieux servis par le commissariat général à l’investissement qui a cherché à créer des pôles d’excellence avec ce levier. Les universités françaises ont reçu 8 milliards d’euros, dont 2 milliards destinés à des instituts de recherche regroupant public et privé.

Le numérique et le durable en jachère

Dans le domaine du développement durable et de l’économie numérique, beaucoup moins de fonds ont été distribués pour le moment.

Ces informations ont été rendues publiques lors du bilan intermédiaire de l’année 2011 dressé en mars dernier en présence de Michel Rocard et d'Alain Juppé. Les deux anciens Premiers ministres sont co-présidents du comité de surveillance du commissariat.

Neuf milliards sont encore dans la cagnotte. Le nouveau commissaire général à l’investissement, qui est attendu lundi prochain par les équipes en place, va d’abord prendre connaissance des dossiers avant de décider de réorienter les investissements ou bien de poursuivre dans la direction tracée par son prédécesseur René Ricol.

Si le bien fondé du grand emprunt fait à peu près l’unanimité, en revanche, il est trop tôt pour évaluer ses retombées. En termes d’emplois par exemple et de positionnement de la France dans la compétition internationale. Ces 35 milliards d’euros auront des effets à moyen terme, mais dans l’immédiat, il ne faut pas compter sur ce dispositif pour doper la croissance en berne en France, comme dans le reste de l’Europe.

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