Pas de vague rose à attendre donc, mais une majorité assez nette pour la gauche au second tour, même si la droite la devance au premier. Selon l’enquête d’Ipsos/Logica Business Consulting réalisée pour France Télévisions, Radio France et Le Monde publiée le 5 juin 2012, le total des sièges de gauche (PS, Front de gauche, Europe Ecologie-Les Verts, Parti radical de gauche, Mouvement républicain et citoyen et divers gauche) pourrait aller de 303 à 357, alors que la majorité absolue se situe à 289 des 577 sièges. La droite parlementaire (UMP, Nouveau Centre, Parti radical) obtiendrait, elle, 220 à 274 députés.
Le poids des alliés
Ensemble, le PS et ses alliés divers gauche (DVG) pourraient totaliser à eux seuls entre 249 et 291 députés. Dans ce cas; la victoire serait acquise de justesse. Mais si l'on ajoute les écologistes d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) qui participent au gouvernement Ayrault, ce sont entre 17 et 23 députés (6% d’intentions de vote) de plus qui siègeraient à gauche. Ainsi, pour la première fois, le parti EELV réussirait à constituer un groupe (15 élus et plus) à l’Assemblée nationale. Et ce, malgré le mauvais score d’Eva Joly à la présidentielle (2,3%). Les radicaux de gauche devraient compter entre 14 et 16 élus et le Mouvement républicain et citoyen (MRC) de Jean-Pierre Chevènement de 2 à 4 élus qui siègeront tous aux côtés du PS.
Le poids du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon est évalué dans le même sondage d’Ipsos entre 21 et 23 députés (7% des intentions de vote). En additionnant toutes ces formations de gauche, on arrive à 45,5% d’intentions de vote. Cependant, le PS met toutes ses forces dans la bataille pour tenter de se forger une majorité qui le dispenserait de trop dépendre de ses alliés. Un nombre conséquent de députés EELV contraindrait notamment le PS à changer de programme nucléaire. Beaucoup d’élus du Front de gauche obligerait le gouvernement Ayrault à négocier pied à pied ses mesures économiques.
Dans l’autre camp, le sondage Ifop/Fiducial pour Paris Match et Europe 1 publié ce 6 juin attribue 34% à la droite parlementaire (UMP, Nouveau Centre, Parti radical) qui perd donc un point par apport à mai. Quant au Front national (FN), malgré les 14% ou 15% d’intentions de vote qu’il récolte selon les dernières enquêtes, il n’aurait que trois députés au maximum. Le système de scrutin majoritaire à deux tours le défavorise en effet. Soumis à la même règle, le Mouvement démocrate (MoDem) de François Bayrou continue sa longue décrue. Il n’est crédité que de 3% d’intentions de vote et n'obtiendrait pas plus de deux députés.
L’incertitude des triangulaires
La défaite annoncée de la droite repousse la perspective redoutée d’une cohabitation et confirme que l’élection de François Hollande n’était pas que le résultat d’un antisarkozisme primaire. Sans bénéficier d’un état de grâce particulier, le nouveau président est tout de même crédité de 62% d’opinions positives contre 31% de négatives selon un sondage Viavoice pour Libération, publié le 5 juin. De plus, les Français interrogés semblent rassurés sur sa capacité à conduire le pays. Ils le jugent en effet plus volontaire et déterminé qu’il n’apparaissait durant la campagne.
L'une des grandes incertitudes de ce scrutin porte sur le taux de participation, que les sondeurs évaluent à 60%, contre 80% pour la présidentielle. Rien d’anecdotique dans cela car, selon le niveau d’abstention, la face de la future Assemblée nationale peut être grandement modifiée. Du taux de participation dépendra entre autres le nombre de circonscriptions où le FN peut espérer se hisser au second tour.
Pour y parvenir, il faut un minimum de 12,5% des voix des inscrits et non des exprimés. Et plus l’abstention est élevée, plus le score devra être fort. Ainsi, dans certaines circonscriptions, le FN devra atteindre les 18% voire les 20% pour espérer se maintenir. Si l’abstention est moins élevée que prévue, à 28% par exemple, le parti de Marine Le Pen pourra être présent avec 14% ou 15% des voix dans 152 triangulaires. Dans le cas d’une abstention à 40%, ce nombre pourrait se situer un peu en dessous de 100. Ce qui serait tout bénéfice pour l’UMP… mais pas forcément suffisant pour inverser la vapeur.