Principalement réservée au monde de l’entreprise, l’informatique des nuages connaît actuellement un essor et la compétition entre les systèmes proposés fait rage. Dernièrement, le Fonds national pour la société numérique (FSN), a annoncé le financement à hauteur de 75 millions d'euros d'un projet d'informatique « en nuage », porté par SFR et Bull afin de stocker et sécuriser les données informatiques sensibles françaises et européennes.
L’informatique en nuage est un concept qui comprend de multiples définitions :
- Pour certains le « cloud computing » consiste à déporter sur des serveurs distants les traitements informatiques qui jusqu’alors étaient implantés dans les machines des utilisateurs -comme par exemple son système de gestion de clients ou son traitement de textes, qui en informatique des nuages n’est plus dans votre ordinateur, mais à l’extérieur de votre machine.
- Pour d’autres, le concept est plus large : il concerne toute l’informatique d’une société, qui place toutes ses ressources Internet au cœur de son activité. Ce qui permet d’utiliser par exemple une puissance de calcul de façon distante et de bénéficier du résultat en ligne sur un simple ordinateur de bureau.
- Enfin pour d’autres encore, il s’agit tout simplement de délivrer les ressources informatiques sans se soucier du type de matériel que l’on emploie -ordinateurs ou écran de tablette et même de Smartphone.
De toutes ces définitions nous pouvons conclure qu’il s’agit d’une manière de faire de l’informatique, connectée et dématérialisée, et non pas d’une nouvelle technologie. L’idée générale est que c’est un modèle qui permet d’accéder aux données et aux logiciels à la demande, selon ses besoins... Un peu comme si l’informatique était distribuée comme l’électricité, au bout d’une prise : il suffit de se brancher et de demander telle ou telle puissance de courant électrique selon ce que l’on doit faire.
Une informatique dématérialisée, pour quoi faire ?
Cette informatique en nuage a de nombreux avantages. Elle séduit de plus en plus les entreprises; elle participe à la réduction des coûts investis dans le matériel informatique; elle permet d’avoir un accès aux données et aux logiciels, de façon simplifiée et à la demande.
Pourtant, certains s’inquiètent de porter leurs données dans un serveur décentralisé : ils ne sauront jamais où sont stockés leurs documents sensibles et si le système est vraiment d’une sécurité à toute épreuve.
Pour le grand public, il n’y a pas de grands risques. On peut stocker ses photos, sa musique. Pour les petites entreprises, c’est une occasion de bénéficier d’une informatique lourde sans devoir faire de gros investissements. Et, pour les grandes entreprises, les grandes organisations et même les gouvernements, c’est le moyen idéal pour que leurs personnels et leurs partenaires puissent accéder aux données et leurs logiciels, où qu’ils soient dans le monde.
La guerre des nuages ?
Mais il n’y a pas qu’une seule façon de faire du cloud computing et les grandes entreprises High Tech du monde proposent chacune leurs systèmes. C’est à une guerre commerciale que nous assistons, jusqu’aux gouvernements qui essaient d’avantager telle ou telle firme. C’est dans ce contexte que la France a fait du numérique un des axes de son Programme d’Investissements d’Avenir. Elle consacre 4,25 millards d'euros au développement de l’économie numérique à travers un fonds spécial, le Fonds national pour la Société Numérique, le FSN, et a choisi ses systèmes d’informatique en nuage.
En effet, le FSN vient d’annoncer la création d’une société à vocation française et européenne, ayant pour objectif de construire et d'exploiter une « centrale numérique » qui comme une centrale de production d’électricité, fournira aux entreprises et administrations une gamme de services sécurisés couvrant les besoins en ressources informatiques, des plus courants aux plus critiques. Les plus critiques dans ce cas sont les données sensibles à haute valeur commerciale comme des études de marché, des prévisions boursières, etc.
Et, à la surprise générale, il y aura donc deux projets Andromède, du nom de baptême de ces projets de cloud national. En avril déjà Orange et Thales, avaient fait valider par le gouvernement un premier projet. Aujourd’hui c’est SFR et Bull qui reçoivent l’aval des autorités pour développer cette informatique en nuage franco-européen qui prévoit la création directe d'environ 400 nouveaux emplois. Le capital sera détenu à 47% par SFR, à 20% par Bull et à 33% par la Caisse des dépôts et consignations, le tout rassemblé au sein du Fonds National pour la Société Numérique.
Le « cloud computing » à la française a-t-il un avenir en Europe ?
La concurrence sur ce marché naissant est difficile. Les géants de l’informatique mondiale comme IBM, Microsoft, Google et même Apple ont déjà investi depuis plusieurs années des fonds colossaux pour créer leurs standards de « cloud computing »… Mais pour les particuliers la révolution conceptuelle de l’informatique en nuage fera partie de leur quotidien quand tous les objets qui les entourent seront connectés à Internet, cela ira du Smartphone à notre télé en passant par tous les systèmes automatiques de gestion des maisons et même des voitures…On peut imaginer qu’après la facture de gaz ou d’électricité, s’ajoutera la facture cloud computing -dont le montant, espérons-le, sera accessible à tous et non pas réservé aux plus fortunés hyper connectés!