Marine Le Pen, «troisième homme»

A 43 ans, Marine Le Pen a fait dimanche 22 avril 2012 une percée tonitruante dans la vie électorale française, en recueillant 17,90% des suffrages au premier tour de l’élection présidentielle. C'était sa première participation à ce scrutin. Elle en sort avec le statut de « troisième homme », devant Jean-Luc Mélenchon et François Bayrou.

Pas de « 21 avril bis », ni de « 21 avril à l’envers », mais une très forte poussée du Front national. A l’occasion du premier tour de l’élection présidentielle française de 2012, Marine Le Pen a recueilli 17,90% des suffrages (estimations), ce qui la place plus haut que le meilleur score de son père, qui s’était qualifié pour le deuxième tour avec seulement 16,86% en 2002, devant Lionel Jospin.

Pour sa toute première participation à l’élection phare, la présidente du Front national a donc conduit l’extrême-droite à un niveau historique en France. « Les Français, avec honneur, courage et dignité, se sont installés contre toutes attentes à la table des élites », a réagi Marine Le Pen, devant ses partisans réunis à Paris.

Le vice-président du mouvement nationaliste Louis Aliot s'est dit « très satisfait ». Le compagnon de la candidate ne se presse pas pour commenter le match qui s’engage désormais entre François Hollande et Nicolas Sarkozy, un « non-choix » selon lui.

« Défenseur de la Nation »

Avocate de formation, Marine Le Pen (de son vrai nom, Marion Anne Perrine Le Pen), 43 ans, a succédé début 2011 à son père à la tête du FN, créé en 1972 sur les ruines du groupuscule Ordre nouveau. Découverte par le public pour la première fois sur un plateau télévisé le soir du 5 mai 2002, elle défendait depuis 2007 la ligne de la « dédiabolisation » au sein du Front.

Délaissant l’antisémitisme au profit d’une islamophobie assumée au nom de la République et d’une Europe judéo-chrétienne, elle prône la sortie de l’euro, et défend au sein du Parlement européen, où elle est élue, une Europe des nations.

Lors de sa campagne, Marine Le Pen a déclaré ne pas être d’extrême-droite, préférant se présenter comme le « défenseur de la Nation ». Son père avait été, en 1956, le plus jeune député de France sous la bannière des poujadistes. Après l'annonce des premières estimations, Jean-Marie Le Pen a qualifié sa fille de « relayeur » à qui il considère avoir « passé le bâton ».

Au fil des meetings, Marine Le Pen a affirmé vouloir défendre la « France des invisibles  », les « oubliés » de la crise, ainsi que l'identité nationale, dénonçant régulièrement la « bien-pensance des bobos parisiens », déconnectés des préoccupations réelles des Français à ses yeux.

« Victoire ! Victoire ! », ont scandé dans une grande clameur plus de 500 cadres et soutiens réunis dans une salle du XVe arrondissement de Paris. Anticipant une possible défaite de Nicolas Sarkozy au deuxième tour, Marine Le Pen considère désormais son mouvement comme « la seule opposition à la gauche ultra-libérale ».

Le Front national tentera dorénavant de jouer les trouble-fête aux élections législatives de juin.

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