Des fuites sur les réseaux sociaux peuvent-elles influencer les votes?

Lors du premier tour de l’élection présidentielle de ce dimanche 22 avril, des estimations sorties des urnes seront disponibles dès 17h30. Mais selon la loi française, rien ne peut être divulgué avant la fermeture des bureaux de vote pour ne pas influencer les derniers votants. Avec Twitter et Facebook comme nouveaux médias, la crainte de fuite est réelle…

Faisons un peu de politique fiction. Imaginons un scénario daté de mai 2002, lors du premier tour de l’élection présidentielle, mais avec les nouveaux médias comme Twitter et Facebook. On peut alors songer que dès 17h, ce jour-là, le résultat envisagé : un second tour Chirac Le Pen, aurait commencé à fuiter. On est en droit de se dire également que les réseaux sociaux, Twitter tout comme Facebook, auraient regorgé de messages appelant à aller voter in extremis pour tenter de modifier la tendance…

C’est d’ailleurs la grande frayeur du CSA cette année. D’autant plus que la Belgique comme la Suisse, qui ne sont pas soumises à la loi, ont annoncé qu’elles allaient diffuser leurs premiers sondages « sortie des urnes » dès 17h30… Et les rumeurs comme les intox sur les réseaux sociaux, ça peut filer à la vitesse d’un tweet ! Alors attendons-nous à lire des messages annonçant une Marine devançant Sarkozy, un Mélenchon devenu le 2e homme… ou, plus bouleversant encore, un Cheminade à plus de 10% ! Tous les scenarios seront envisageables sur les réseaux sociaux… Mais pour les premières estimations officielles, ce sera 20h pétantes, à la seconde près.

Le « a voté ! » interfère avec le « a tweeté ! »

C’est écrit noir sur blanc dans le code électoral, article 52-2. En cas d'élections générales, aucun résultat d'élection, partiel ou définitif, ne peut être communiqué au public par voie de presse ou par voie électronique avant la fermeture du dernier bureau de vote sur le territoire métropolitain. Il en est de même dans les départements d'outre-mer.

Seulement voilà, internet est souvent une zone de non-droit… Et le stress du CSA est grand de voir le « a voté ! » interférer avec le « a tweeté ! » et réciproquement. Contactés par l'AFP, plusieurs médias, TF1, RTL, France 2, France 3, France Inter et leurs partenaires, Le Monde, Le Point, lefigaro.fr ont affirmé qu'ils respecteraient la règle de l'embargo absolu jusqu'à 20H00. « On peut critiquer la loi mais on la respectera dès lors qu'on est un média basé en France », affirme-t-on au figaro.fr. Toutefois, ces médias n'excluent pas de réviser leur position, en cas de violation flagrante de la règle par l'un de leurs confrères.

Plus gênantes : de potentielles « intox délibérées »

Brice Teinturier, de l'institut de sondages Ipsos, conteste un scénario d’interférence possible entre les informations circulant sur Twitter et les votes des dernières minutes. Car « pour avoir un véritable effet, il faudrait un nombre colossal d'électeurs qui se surmobilisent dans la dernière heure en faveur d'un seul candidat. » Son collègue de BVA, Gaël Sliman, juge plus gênantes de potentielles « intox délibérées de certains candidats qui, pendant le vote, invoqueraient de pseudo-sondages ' sortie des urnes ' pour inciter les indécis à voter pour eux parce qu'ils seraient 2 points en dessous » du score que leur prêtaient des sondages. Le tweet ne sera pas blanc en tout cas dimanche prochain.

 

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