Avec notre envoyée spéciale à Lille, Valérie Gas
En montant sur scène à Lille, la présidente du Front national Marine Le Pen savait qu’au même moment, le candidat de l’UMP Nicolas Sarkozy parlait à Marseille. Elle ne fait aucune référence pourtant à ce duel à distance. Mais elle lance une charge directe contre cet adversaire qui a effectué son entrée en campagne en marchant sur ses plates-bandes et en essayant de se présenter comme le candidat du peuple, ce qui n’est ni plus ni moins qu’une imposture pour Marine Le Pen : « Vous avez la stratégie du "plus c’est gros, plus ça passe". Sarkozy le candidat des puissants, devenu par un coup de baguette médiatique, le candidat du peuple... ». Pour elle, il faut que le chef de l'Etat s'en aille. Elle montre dans ce but sa nouvelle idée de communication : le carton rouge, qu'elle agite en même temps que tout le public. Il symbolise, comme au football, que Nicolas Sarkozy doit être exclu.
Et la présidente du Front national d’enchaîner : Nicolas Sarkozy est un affabulateur qui n’assume pas son bilan et qui est aidé par le microcosme des médias : « cette nouvelle caste experte en procès en sorcellerie contre ceux qui luttent réellement contre le système, oserais-je dire contre celle qui lutte réellement contre le système : Marine Le Pen », dit-elle, se nommant elle-même.
Marine Le Pen reprend la stratégie de la victimisation pour crédibiliser son discours sur les élites et le système. Puis, elle ajoute une provocation sur le thème du communautarisme : « Quand on sait que l’ensemble des abattoirs d’Ile-de-France fait du halal à l’insu des consommateurs, on a des raisons d’être révolté ». Et elle en tire sa conclusion : elle est la seule candidate à défendre la nation contre les méfaits de la mondialisation. Elle appelle les Français à donner un carton rouge à Nicolas Sarkozy et à la porter, elle, au second tour de la présidentielle.