La France s’attaque au harcèlement à l’école

Suicides, dépression, déscolarisation… En France, les cas de harcèlement en milieu scolaire se multiplient et leurs conséquences sont de plus en plus graves. Ce qui pouvait n’être qu’une cabale de fortes têtes au sein d’une classe peut, à l’ère de Facebook, prendre des proportions telles que la victime ne voit plus d’issue à son calvaire. La situation est jugée assez grave pour que le ministère de l’Education nationale lance une campagne ce 24 janvier 2012 destinée à communiquer sur la lutte contre un problème dont 10% des élèves de France sont victimes.

Pauline avait douze ans. A la veille de la rentrée scolaire de janvier, elle s’est donné la mort en utilisant l’arme de chasse de son père. Selon sa mère, Pauline scolarisée dans un collège de Lens (Pas-de-Calais), était harcelée par des camarades. Dans une lettre d’adieu, elle disait ne plus supporter être leur « souffre-douleur ». En France, 10% des élèves se disent victimes de harcèlement physique, 14% de harcèlement moral et 11,7% de harcèlement cumulé. 

Signaux d’alerte

Les conséquences de ces comportements ne sont pas, heureusement, toujours aussi dramatiques. Mais la qualité de vie des élèves harcelés s’en trouve fortement dégradée. Les enseignants comme les parents peuvent passer à côté de certains signes qui devraient les alerter. Le site mis en place par le ministère pour sa campagne contre le harcèlement détaille les changements qui signalent qu’un enfant est en souffrance. Car la plupart du temps, la victime du harcèlement n’en parle pas aux adultes parce que sa situation lui fait honte.

Le harcèlement se définit comme une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique, commise avec l’intention de nuire. Cette violence se retrouve aussi au sein de l’école. Elle est le fait d’un ou de plusieurs élèves à l’encontre d’une victime qui ne peut se défendre. Le harcèlement se fonde sur le rejet de la différence et sur la stigmatisation de certaines caractéristiques, telles que : 

  • L’apparence physique (poids, taille, couleur ou type de cheveux)
  • Le sexe, l’identité de genre (garçon jugé trop efféminé, fille jugée trop masculine, sexisme)
  • Un handicap (physique, psychique ou mental)
  • L’appartenance à un groupe social ou culturel particulier
  • Des centres d’intérêts différents
  • Le harcèlement revêt des aspects différents en fonction de l’âge et du sexe. 
  • Les risques de harcèlement sont plus grands en fin d’école primaire et au collège. 

Etant donné qu’un enfant harcelé a quatre fois plus de risques d’être suicidaire selon une étude norvégienne menée par Dan Olweus, les adultes ont d’autant plus le devoir d’être vigilants. Ainsi, un(e) élève qui n’a pas ou plus d’amis, dont les résultats ne sont plus au rendez-vous ou qui multiplie les absences en cours, devrait mettre la puce à l’oreille des parents et des enseignants.

L’effet amplificateur de Facebook

 

Les insultes, moqueries, bousculades et autres violences sont aujourd’hui considérablement amplifiées par l’usage de Facebook. Sachant que 9 lycéens sur 10 ont un compte sur le réseau social, le harcèlement peut y prendre des proportions inouïes. Plus besoin de se réunir dans la cour de récréation pour répandre une rumeur malveillante, Facebook est  disponible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.

Les amis des amis du harceleur peuvent alors s’en donner à cœur joie et comme chacun sait, rien n’est plus compliqué sinon impossible que de supprimer les traces laissées sur Facebook. Une convention signée en juin 2011 entre l’association e-Enfance et le ministère de l’Education nationale s’attaque au problème du cyber-harcèlement. C’est un début pour sensibiliser les jeunes aux conséquences de leurs actes mais beaucoup reste à faire en France puisqu’à peine la moitié des écoliers n’a jamais connu de violences verbales ou physiques.  
 

 

 
 

 

 

 

 

 

Ainsi que le remarque le sociologue Eric Debarbieux, président de l’Observatoire international de la violence à l’école, la première étape pour s’attaquer à ce problème est de le reconnaître. Trop longtemps, adultes et enseignants en France ont voulu croire que les violences vécues à l’école faisaient partie d’un passage obligé et de ce fait, en banalisaient les effets. Eric Debarbieux préconise un accompagnement sur le long terme pour sensibiliser les adultes comme les jeunes au harcèlement. Une démarche dont les bénéfices demandent de la patience : la Finlande et le Royaume-Uni ont mis dix à vingt ans pour diviser par deux les actes de harcèlement. 

En attendant, sur le site du ministère français de l'Education nationale on peut déjà trouver des réponses à quelques questions pratiques sur le harcèlement. « Que faire ? » ou « Qui contacter ? », par exemple via le numéro Vert 119 « Allô Enfance en danger » ou le numéro Net écoute 0820 200 000 contre le cyber-harcèlement. 

       

 

Partager :