Affaire Karachi: l'ancien ministre Renaud Donnedieu de Vabres rattrapé par la justice

Au lendemain de son placement en garde à vue, Renaud Donnedieu de Vabres sera présenté ce mercredi 14 décembre 2011 aux deux juges d'instruction chargés du volet financier de l'affaire Karachi. Il s’agit d’un lourd soupçon de financement occulte de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995 à la faveur de ventes d'armes au Pakistan et à l'Arabie Saoudite (284 millions d'euros en tout). Une histoire de gros sous, qui aurait conduit à l'attentat de Karachi dans lequel 15 personnes dont 11 salariés français des constructions navales avaient été tués en mai 2002 dans la capitale économique du Pakistan. L'ancien ministre de la Culture pourrait être mis en examen. L'enquête le place en effet au cœur de ce jeu présumé de commissions et rétrocommissions.

Il y a la fonction que Renaud Donnedieu de Vabres occupait en 1994, année des deux contrats militaires, qui intéressent les juges. RDDV, comme on le surnomme, était conseiller spécial du ministre de la Défense de l'époque, François Léotard, qui était aussi son mentor politique. Plusieurs témoignages versés aux dossiers désignent les deux hommes comme ayant imposé des intermédiaires dans ces contrats, dont Ziad Takkieddine, déjà mis en examen.

Membre de l'équipe de campagne présidentielle du Premier ministre en 1995, Renaud Donnedieu de Vabres pourrait donc, dans l'hypothèse de rétrocommissions ayant financé le candidat Balladur, avoir jouer un rôle clé dans l'organisation du circuit de cet argent occulte.

On parle d’au moins 3 millions d'euros. Cet élément avait fait d’ailleurs tiquer jusqu’au Conseil constitutionnel au moment de la validation des comptes de campagne du rival à droite de Jacques Chirac dont Renaud Donnedieu de Vabres s’était ensuite rapproché en 2002, année de l’attentat sanglant de Karachi. Un attentat qui serait l’œuvre militaires pakistanais privés de leurs enveloppes, par la décision de l’Elysée de mettre fin à ces commissions. 2002 et non 1995 comme l’affirme notamment Dominique de Villepin, que les juges entendront comme témoin, début janvier.

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