Les incendies qui ont démarré mardi dernier continuent de s’étendre et ce dimanche soir 30 octobre, les pompiers s'attendent à passer une nouvelle nuit difficile, la météo annonçant des « brises de pentes » relativement fortes après une journée de dimanche où le feu a encore progressé.
Le poste de commandement des pompiers, menacé par les flammes, a dû être déménagé en urgence. Le feu s’est rapproché des zones agricoles à 1 600 m d’altitude dans le secteur de La Chaloupe, dans la commune de Saint-Leu et, pour la première fois, des habitations étaient menacées : 43 personnes ont du être évacuées. Une exploitation agricole a été touchée et une maison brûlée.
Un renfort de 173 pompiers de métropole arrivé ce dimanche à l’aube a été immédiatement déployé sur les trois principaux foyers de l'incendie, situés sur une ligne d'une vingtaine de kilomètres à près de 2 000 mètres d'altitude. Lundi, il y aura plus de 800 personnes - pompiers, militaires et agents de l'Office national des forêts (ONF) - sur le terrain pour combattre l'incendie ou pour assurer un soutien opérationnel, a indiqué la préfecture. Michel Lalande, le préfet d'île, n’a pas sollicité, pour l'heure, l'envoi de moyens aériens depuis la métropole pour lutter contre l'incendie.
C'est pourtant ce que réclame un certain nombre d'élus réunionnais, comme Huguette Bello, maire de Saint-Paul. « Il faut que l’on ait des moyens supplémentaires, aériens notamment. Il y a des endroits qui sont inaccessibles. Il y a des élevages qui ont failli être brûlés. Il faut que l’on pare à tout cela et on a quatre malheureux hélicoptères. Il n’y a pas assez de citernes non plus ! », s'insurge-t-elle.
Les foyers menacent des secteurs à forte valeur écologique
Les incendies ont déjà parcouru 2 677 hectares, essentiellement dans des zones naturelles montagneuses, au cœur du Parc national de la Réunion et du périmètre inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco, le 1er août 2010. Des secteurs qui abritent des espèces strictement endémiques de l'île sont touchés par les incendies.
La maire de Saint-Paul réclame que des décisions adaptées au territoire soient prises pour l’avenir. « On a écrit à la ministre de l’Outre-mer pour qu’on nous écoute mieux. Parce qu’il s’agit de notre patrimoine. C’est un trésor inestimable qui est mis en danger et que l’on va laisser à nos enfants. Il faut tout faire pour le sauver. »
Même si elle se refuse à parler de catastrophe écologique, Isabelle Jorquet, responsable du secteur nord du parc national reconnait qu'il faudra des dizaines d'années pour effacer les dégâts. « Si on dit aujourd’hui que c’est une catastrophe écologique et que ça dure trois semaines et qu’on passe à 8 000 hectares de brûlées, qu’est-ce qu’on dira à ce moment-là ?, fait-elle remarquer. En plus, on a besoin de faire des études et des recherches pour voir ce qui a effectivement brûlé. L’urgence pour l’instant c’est de maîtriser le feu, on le qualifiera dans un deuxième temps. »
Pour les autorités de l’île, l'origine criminelle de cet incendie ne fait aucun doute en raison de plusieurs départs de feu simultanés. La gendarmerie poursuit une enquête judiciaire.
Propos recueillis par Radio O