Carlton de Lille : un réseau peu à peu démantelé

Dans l’affaire de proxénétisme en lien avec l’hôtel Carlton de Lille, gardes à vue et mises en examen se succèdent. L’enjeu : établir les responsabilités précises de tous les notables impliqués, au risque d’éclabousser des figures connues du monde politique ou de la police.  

C'est une affaire à tiroirs, un réseau qu'on démantèle peu à peu, et toute une ville qui est en émoi. A Lille, les mises en examen pour « proxénétisme aggravé en bande » tombent les unes après les autres depuis une semaine, et elles touchent des personnalités d'influence : des chefs d'entreprise, un avocat... même des policiers (et pas des moindres !) sont dans le collimateur de la justice, notamment un commissaire divisionnaire et certains de ses subordonnés...

Le sulfureux « Dodo la saumure »

Tous ces notables auraient fait profiter leurs amis de services prodigués par des prostituées travaillant pour le sulfureux « Dodo la saumure », dans trois établissements de luxe de la mégapole lilloise, dont le Carlton. Ils réservaient pour eux « des chambres avec colis ou avec dossier », à 800 euros la nuit... « Dodo », c'est Dominique Alderweireld, actuellement sous les verrous depuis début octobre. Pour l'heure, il est soupçonné d'avoir employé des mineures dans ses maisons closes, juste de l'autre côté de la frontière, en Belgique.

S'offrir les services d'une prostituée n'est pas un délit en soi, mais servir d'intermédiaire ou de rabatteur en est un. En d'autres termes, le fait de « payer une fille à un copain ou un collègue » est un motif de poursuites. Tolérer que des prostituées opèrent dans votre établissement quand vous êtes propriétaire ou gérant d'hôtel, aussi. Impossible donc de plaider la naïveté ou la bêtise, comme certains essaient actuellement de le faire.

D'autant que les langues se délient... Et c'est le responsable des relations publiques du Carlton, René Kojfer, qui semble être au centre de cette myriade de contacts « délicats », notamment grâce à son entregent légendaire. Interrogées par la police, au moins deux jeunes femmes ont ainsi raconté par le menu aux enquêteurs leurs escapades dans les hôtels de luxe lillois, à la demande de Kojfer. Elles ont aussi révélé qu'elles avaient été envoyées à Paris pour participer, tous frais payés, à des parties fines...

Cité dans l'affaire, DSK veut être entendu

Et c'est là que resurgit le nom de Dominique Strauss-Kahn... qui aurait selon elles participé à ces ébats tarifés... qui serait un familier des principaux protagonistes du dossier... qui les aurait même invités aux Etats-Unis en mai dernier. Ils y étaient encore la veille de son arrestation, soi-disant pour « visiter le FMI »... Dès que son nom est apparu, Dominique Strauss-Kahn a envoyé un communiqué à l'Agence France presse pour dire qu'il voulait être « entendu par la justice et mettre fin aux accusations malveillantes » en train de circuler. Il sera entendu en temps et en heure.

En attendant, l'enquête se poursuit et risque bien de révéler d’autres surprises dans les heures et jours qui viennent... Les enquêteurs dénouent en effet patiemment tous les fils de cette affaire embrouillée, et très embarrassante. A Lille, certains commerçants et entrepreneurs « font profil bas en attendant que l'orage passe », dixit La Voix du Nord...

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