Même ses plus proches soutiens ne jugent plus opportun le retour de Dominique Stauss-Kahn en première ligne du Parti socialiste. Ainsi, fidèle parmi les fidèles, Jean-Marie Le Guen, a-t-il annoncé le mercredi 24 août son ralliement à François Hollande en tête devant Martine Aubry dans la course vers l’investiture socialiste.
Trouver le bon rythme
Autre proche de DSK rallié à Hollande, Pierre Moscovici pense qu’il faut que Strauss-Kahn « invente une nouvelle forme d’expression et d’existence politique ». Une préconisation sûrement plus facile à énoncer qu’à appliquer. Quant à Jean-Christophe Cambadélis, lui aussi ancien lieutenant strauss-kahnien aujourd’hui membre de l’équipe de Martine Aubry, il juge que plus que tout, Dominique Strauss-Kahn « a besoin de temps ».
L’idée première de ses amis était pourtant de faire en sorte que DSK fasse un retour tonitruant en France. Plateaux de télé pour le 20 heures, grands journaux des deux côtés de l’Atlantique, le scénario « on a voulu m’abattre mais on va voir ce qu’on va voir » n’a finalement pas semblé adapté aux circonstances.
Il l’était d’autant moins que les sondages révèlent que les Français sont à 53% opposés à la participation de DSK dans le débat politique et 80% hostiles à sa présence dans les primaires. L’option « donner du temps au temps », chère aux socialistes historiques et à Cambadélis, semble aujourd’hui l’emporter. Mais tout est question de dosage entre le risque d’être vraiment oublié et celui de choquer par un retour en force. De toute façon, le retour en France s’annonce délicat.
Affaire étouffée
Cela dit, DSK « se sent combatif, il a envie de s’expliquer devant les Français » confie au Journal du Dimanche Jean-Marie Le Guen qui s’est entretenu avec lui par téléphone. Et des explications, l’ancien patron du FMI en aura beaucoup à fournir si les plaintes dont il est encore l’objet, cette fois en France, donnent lieu à des poursuites. La dernière en date, pour subornation de témoin, émane des avocats de Nafissatou Diallo. Elle se fonde sur les dires du père d’une jeune femme, Marie-Victorine, avec qui Dominique Strauss-Kahn a eu une liaison en 1998 alors qu’il était maire de Sarcelles, en banlieue parisienne. Selon André M’Bissa, il aurait été contacté début août par un adjoint au maire PS de Sarcelles « pour faire taire sa fille » qui a donné plusieurs entretiens cet été à des journaux.
Autre « histoire ancienne » qui remonte, celle de l’aventure qu’a eu DSK au sein du FMI avec une des ses collaboratrices en 2008, Piroska Nagy. Cette fois, c’est l’avocat de Tristane Banon, autre jeune femme accusant Dominique Strauss-Kahn de tentative de viol en 2003, qui demande au parquet l’audition de Piroska Nagy. Selon Me David Koubi, l’affaire pour laquelle DSK avait été blanchi par le FMI, « a été visiblement étouffée », pense-t-il.
L’avocat en veut pour preuve une lettre que la jeune économiste hongroise avait à l’époque adressée aux avocats chargés de l’enquête au sein du FMI. Dans ce courrier, Piroska Nagy affirme que DSK « a abusé de sa position dans sa façon de parvenir jusqu’à moi […]. Il m’a convoquée plusieurs fois pour en venir à me faire des suggestions inappropriées ». Pour elle, DSK est « homme agressif » et elle ajoute redouter qu’il ait « un problème pouvant le rendre peu adapté à la direction d’une institution où des femmes travaillent sous ses ordres ».
De son côté, Dominique Strauss-Kahn a déposé une plainte contre Tristane Banon pour dénonciation calomnieuse et il devrait rencontrer rapidement les enquêteurs pour apporter sa version des faits. C’est d’ailleurs peut-être à cela, entre autre, que pensent ses fidèles quand ils affirment qu’en ce moment, « le Parti socialiste n’est pas au centre des préoccupations » de DSK.