Face à la levée de bouclier des politiques et des associations de consommateurs, les fournisseurs d'accès à internet (dont Orange, SFR et Bouygues télécom), expliquent que les 5 à 10% des 22 millions de foyers utilisateurs d'internet qui passent leur journée à télécharger des films, regarder des vidéos et consulter les réseaux sociaux monopolisent 80% de la bande passante. Aux dépens des autres. Il s'agirait donc, pour mieux gérer le trafic, de mettre ces gros consommateurs au régime en diminuant le débit au delà d'un certain volume. Le maître-mot est « segmentation » du marché, pas « limitation », ni « plafonnement ». Ainsi les opérateurs pensent aussi à instaurer des gammes tarifaires diversifiées pour remplacer les forfaits tout compris internet/téléphone/télévision. Afin, disent-ils, de mieux s'adapter aux besoins personnalisés des consommateurs. C’est déjà le cas dans l’internet mobile où le consommateur est confronté à un foisonnement d’offres à des tarifs différents.
Yves Le Moël, directeur général de la Fédération française des Télécoms veut rassurer les clients inquiets. Dans une interview au quotidien Le Figaro il confirme qu’une réflexion sur le sujet est effectivement en cours, et précise que «ceux qui consomment le plus pourraient être mis davantage à contribution. Mais le consommateur lambda n’a aucune chance d’être concerné».
Concurrence acharnée
Est-ce aussi sûr ? Les Français bénéficient pour l'instant des tarifs internet parmi les moins chers au monde et pour les conserver ils devront compter sur la concurrence acharnée entre les fournisseurs d'accès. Ils sont de plus en plus nombreux, notamment avec l’arrivée de nouveaux sur le marché comme La Poste ou Virgin mobile. Par ailleurs la Fédération française des Télécoms ne rassemble pas tous les acteurs du secteur.
Enfin, il existe une rivalité entre les opérateurs qui proposent l'ADSL et ceux qui, proposant la fibre optique, ont des capacités beaucoup plus importantes de gestion de trafic. Ainsi Numéricâble a immédiatement fait savoir que dans cette technologie les flux vidéos sont séparés de l’internet et que, n’utilisant pas les réseaux téléphoniques, cet opérateur n’avait pas de contraintes de capacité.
Directement concerné par ce «buzz», le ministre de l’Economie numérique, Eric Besson, a déclaré que le gouvernement se préoccupe bien au contraire de développer le très haut débit, fixe et mobile, sur l’ensemble du territoire et pour l’ensemble des Français. De plus, l’utilisation du terme «illimité» par les opérateurs va faire l’objet d’un encadrement, car il apparaît que certaines offres théoriquement illimitées comprenaient déjà des restrictions de débit.