Le Minitel disparaîtra en juin 2012 après 30 ans de services

Expérimenté en 1980 et lancé à grande échelle en 1982, le Minitel ne sera plus en service à partir du 30 juin 2012, a annoncé France Telecom mercredi 20 juillet 2011. Cette innovation française, qui n’a pas eu d’équivalent dans le monde, a connu un succès phénoménal avant d’être rendue obsolète par l’éclosion d’internet.

C’est à la fois l’ancêtre d’internet et l’un des objets les plus emblématiques des années 1980 qui va disparaître le 30 juin 2012. Un certain nombre d’utilisateurs conserveront probablement un terminal chez eux en souvenir mais le 30 juin 2012 marquera bien la fin du Minitel en tant qu’objet d’utilité publique et d’échange commercial. France Telecom a en effet annoncé jeudi 20 juillet 2011 que l’accès à ce service, encore utilisé en 2010 par 2 millions de Français, serait coupé.

Né, comme d’autres innovations apparues sous la Ve république, de la volonté française de conserver son indépendance dans les domaines sensibles comme la technologie, le Minitel a vu le jour sous le septennat de Valéry Giscard d’Estaing. Conquis par un rapport sur la télématique rédigé en 1978 par Simon Nora et Alain Minc, le président français a donné le feu vert au ministère des Postes et des Télécommunications pour développer un réseau télématique dont le nom de code est alors X25.

Un succès immédiat

Dès juillet 1980, un annuaire électronique composé d’un écran cubique pourvu d’un clavier à quatre touches ABCD est testé dans 55 foyers de Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine. L’année suivante, 4 000 Minitels – cette fois équipés d‘un clavier « azerty » – sont distribués dans tout le département. Leur utilité première est, là aussi, de remplacer les annuaires papiers et les services de renseignement téléphoniques en composant le 3611. En 1982, le Minitel est mis à la disposition du public. Seule exigence : être raccordé au réseau téléphonique.

L’Etat a prévu initialement de faire fabriquer 30 millions d’appareils mais il se heurte à l’hostilité des groupes de presse qui perçoivent le nouvel outil comme un concurrent. Ce n’est que trois ans plus tard, en 1984, qu’apparaît le système de kiosque, avec surfacturation de la communication téléphonique pour rendre le service rentable, via les numéros 3615. Le succès du Minitel va devenir phénoménal avec, dès 1985, plus d’un million de terminaux installés dans le pays et un million d’heures de services payantes par mois.

Conçu comme un appareil d’information, le Minitel devient vite un outil de communication et aussi un succès commercial avec la multiplication des services proposés par tous les secteurs de l’économie. On en dénombrera 25 000 sur le réseau au plus haut de son succès. Au début des années 2000, la France compte 9 millions de terminaux et 25 millions d’utilisateurs. Utile pour ses services gratuits, le Minitel est également une excellente affaire commerciale : plus d’un milliard d’euros de revenus estimés en 2002.

Victime d'internet

Cette exception française va pourtant faire les frais de l’arrivée d’internet. D’abord réticents et sous-équipés en ordinateurs personnels, les Français – formés au Minitel – se familiarisent vite avec la toile et délaissent progressivement le petit écran cubique qui s’est pourtant modernisé au fil des ans. Voyant l’utilisation décliner, France Telecom songe une première fois à supprimer le Minitel en 2009 quand la plupart des grandes sociétés se retirent après avoir émigré sur internet. Même si 1 880 services sont encore actifs en 2011 et que le Minitel est également sur internet, France Télécom a donc décidé d’arrêter les frais. Le 30 juin 2012, le Minitel aura vécu.

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