Le baccalauréat a beau être régulièrement remis en cause, il reste néanmoins le sas symbolique d'accès à l'université et l'examen emblématique du système égalitaire sur lequel repose l'éducation nationale.
Le baccalauréat est « le dernier rite de passage » après la disparition du service militaire, explique l'historien Antoine Prost. « La fonction du baccalauréat est plus sociale que scolaire », juge pour sa part le chercheur Philippe Meirieu.
Quoi qu'on en dise, le bac a donc encore de la valeur et il est faux de dire que tous les élèves accèdent au baccalauréat puisque 67 % seulement d'une classe d'âge le décrochent. On est loin des 80 % de réussite souhaités par le ministère de l'Education nationale.
« Les lycéens ne pensent pas que le bac ne vaut plus rien, autant dire alors que le brevet des collèges n'a pas de valeur, qu'un master n'a pas de valeur et qu'un diplôme de l'ENA vaut peanuts...Bien évidemment, le bac est désormais l'apanage de deux jeunes Français sur trois contre un sur dix dans les années 1950 et il représente encore quelque chose », souligne Victor Colombani, président du syndicat lycéen l'UNL (Union nationale lycéenne).
Le baccalauréat est-il réformable ?
Les affaires de fraude relancent le débat sur une éventuelle réorganisation de l'épreuve.
Pour les défenseurs de l'examen, il n'est pas question de démolir ce monument historique. Pour eux, l'abandon d'un examen unique au niveau national menacerait l'égalité républicaine.
De son côté Luc Chatel, le ministre de l’Education, assure que ce diplôme est un héritage très fort et qu'il n'est pas question de le supprimer.
Pour Patrice Partula, secrétaire général de la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves), principale association de parents d'élèves, même si le baccalauréat est vulnérable face à la fraude technologique, il ne faut pas laisser au ministère de l'Education nationale toute la latitude pour revoir les règles de cet examen.
« Il ne faut pas que le ministère de l'Education nationale saisisse cette affaire de tricherie pour réformer le bac sans concertation, il y a un point très important auquel nous sommes très attachés, c'est le caractère national du diplôme ».
Examen final ou contrôle continu ?
La question est donc une nouvelle fois posée des modalités d'évaluation des élèves. Plusieurs ministres s'y sont déjà cassé les dents. Tous ont finalement renoncé devant la bronca provoquée par l'éventualité de recourir, au moins en partie, au contrôle continu pour valider la scolarité du secondaire.
Victor Colombani, président du syndicat lycéen l'UNL, pense que le contrôle continu est difficile à appliquer. « Compte-tenu des inégalités territoriales et des inégalités sociales entre les différents établissements scolaires, il me semble qu'on se retrouverait très vite avec un baccalauréat à Louis Legrand (grand lycée parisien) qui serait complètement différencié d'un bac qu'on obtiendrait en Zep (Zones d'éducation prioritaire). Le contrôle continu, de ce fait, creuserait les inégalités sociales. En revanche, on pourrait penser à l'organisation de partiels ou d'épreuves d'examens au cours des classes de première et de terminale. Cela éviterait le bachotage et de se retrouver dans une situation ou tout se focalise sur la dernière semaine de terminale ».
Philippe Meirieu est professeur en sciences de l'éducation à l'Université de Lyon 2. Il va dans ce sens et préconise la mise en place d'unités de capitalisation : « J'y verrais un gros avantage, cela couperait cette forme d'examen massif en fin de terminale. Et puis, cela permettrait d'organiser des cursus personnalisés dans la mesure où les lycéens pourraient préparer plus ou moins vite cet examen final et avoir des groupes de niveau qui leur permettraient de préparer des unités capitalisables de la meilleure manière qui soit. Nous avons ce système dans la formation adulte, c'est étonnant que la France ne l'ait jamais envisagé ».
La cuvée 2011
Cette année, 654 000 candidats de classes de terminale passaient l'examen fatidique. Ils ont planché sur 48 000 sujets, surveillés et corrigés par 166 000 examinateurs, pour un coût de 38 millions d‘euros.