L’Unesco inscrit les Causses et les Cévennes au patrimoine mondial

Après son refus d’inscrire l’œuvre de l’architecte franco-suisse Le Corbusier sur la liste, le comité du patrimoine mondial de l’Unesco a accepté ce 28 juin l’entrée des Causses et des Cévennes. Cette région du sud-ouest de la France est célébrée pour le « rôle universel de l’agropastoralisme ».

Avec Causses et Cévennes, ce ne sont pas seulement des étendues grandioses de plateaux pelés et de puissants massifs granitiques qui entrent lors de la 35e réunion du comité de l'Unesco au patrimoine de l'humanité, mais aussi la culture des bergers qui ont façonné ces paysages pendant des millénaires.

En inscrivant Causses et Cévennes sur sa prestigieuse liste, l’Unesco reconnaît la valeur universelle, exceptionnelle, non pas d'un milieu naturel mais d'un « paysage culturel évolutif et vivant ». C'est celui des hommes qui, depuis qu'ils ont cessé de chasser et cueillir pour élever et cultiver, ont emmené les bêtes brouter sur les hauteurs. Ils ont tracé les chemins, les « drailles » qui mènent d'un pacage à l'autre, aménagé les « lavognes » pour faire boire les bêtes, construit les ponts pour franchir les cours d'eau qui entaillent la roche, les abris de pierre pour protéger les bergers des rigueurs du climat, et les caves pour transformer en roquefort le lait des brebis.

Dans ces espaces immenses, ils ont dressé des dizaines de menhirs à La Cham des Bondons (Lozère) à l'époque où ils se sont sédentarisés sur ses sols où la roche affleure sous l'herbe rare. Plus de 4 000 ans après, ils se livraient encore il y a quelques jours à la pratique ancestrale de la transhumance sur une terre parmi les moins densément peuplées de France.

Porté par l’Aveyron, le Gard, l’Hérault et la Lozère, régions du Sud et Sud-ouest français, le dossier défend « le rôle universel de l’agropastoralisme », en particulier l’élevage non-intensif des brebis, « pour modeler et entretenir l’espace » sur 3 000 km2.

Le dossier avait été renvoyé à deux reprises par l’Unesco, en 2006 et 2009. Le comité du patrimoine mondial a d'abord douté de la valeur universelle exceptionnelle du patrimoine présenté. Puis il a fallu préciser les attributs de l'agropastoralisme.
Il y a aussi eu cette « grande interrogation » rapporte Frédérique Nègre, directrice du parc naturel régional des Grands Causses: un territoire aussi vaste a-t-il les moyens de conserver une valeur aussi exceptionnelle ?

La délivrance discrète par le gouvernement de permis autorisant en 2010 l'industrie à chercher du gaz de schiste dans le sol de la région a montré combien cette interrogation était fondée. La levée de boucliers a été telle que le Parlement vient d'interdire les recherches utilisant « la fracturation hydraulique ».

 

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