A Paris, un G20 agricole pour éviter une nouvelle crise alimentaire

Pour la première fois, à l’initiative de la France, les ministres de l'Agriculture du G20 se réunissent à Paris les 21 et 22 juin 2011. Ces vingt pays représentent à eux seuls 80% de la production agricole mondiale. L'objectif de la présidence française est de parvenir à stabiliser les prix des produits agricoles, freiner la spéculation et garantir la sécurité alimentaire. Mais certains grands pays émergents tels que le Brésil, l'Argentine ou la Chine s'opposent à la mise en place de systèmes de régulation trop contraignants.

Nicolas Sarkozy s’inquiète de l'instabilité chronique des prix des matières premières et de son impact sur les économies, qui peut être dramatique chez les plus pauvres. Il a décidé d'en faire une des priorités de la présidence française du G20. D’où ce rendez-vous donné aux ministres de l’Agriculture du groupe, mercredi 21 et jeudi 22 juin à Paris.

Mais à quelques heures de l’ouverture de la réunion, le ministre français de l'Agriculture Bruno Le Maire a donné le ton : « Ce sera difficile d'arracher un accord » tant les « divergences sont profondes » entre les membres du G20. Il faut dire que la France, qui assure actuellement la présidence du groupe, affiche un projet ambitieux : la mise en place d'une nouvelle gouvernance mondiale sur un secteur agricole redevenu «  stratégique ».

Si Paris juge la question urgente, c’est que les matières premières agricoles sont reparties à la hausse depuis plusieurs mois. Et que dans le même temps, quelque 900 millions d'être humains souffrent de malnutrition.

Le premier objectif est de calmer cette volatilité « excessive » pour éviter de nouvelles émeutes de la faim comme celles qui ont eu lieu en 2007 et 2008 lorsque les prix des produits alimentaires ont brusquement flambé.

« Pas de deuxième rendez-vous pour l'agriculture mondiale »

Mais dans le plan d'actions en cinq points mis sur la table par la présidence française, certaines propositions se heurtent à des blocages. Ainsi, si un consensus se dégage sur la nécessité de reprendre les investissements dans l'agriculture pour augmenter la production - et notamment dans les pays en voie de développement -, ce n'est pas le cas lorsque Paris plaide pour une plus grande transparence et une régulation des marchés agricoles.

Les pays émergents, où l'agriculture est un secteur essentiel, ont bien l’intention de faire valoir leurs vues. Le Brésil ou l'Argentine, deux poids lourds dans le secteur agro-alimentaire, arrivent à Paris avec la ferme volonté de contrer toute tentative d'imposer un contrôle des prix.

Autres points sensibles : les stocks et les biocarburants. Les organisations non gouvernementales (ONG) ont par exemple regretté l'absence de propositions sur la mise en place de stocks pour réguler les prix ainsi que sur les biocarburants, accusés de faire concurrence à l'alimentation. Sur ce dernier point, « le sujet n'est pas mûr », a fait valoir Bruno Le Maire. En clair, les Etats-Unis mais aussi le Brésil, grands producteurs de biocarburants, sont réticents à limiter cette activité.

Le président français Nicolas Sarkozy va donner le coup d'envoi des ultimes négociations, en recevant mercredi soir ces vingt ministres de l'Agriculture avant un dîner de travail. Paris insiste sur la cohérence du plan proposé en indiquant qu'un « échec serait préférable à l'abandon d'un des cinq points » en discussion. Et en cas de désaccord, « il n'y aura pas de deuxième rendez-vous pour l'agriculture mondiale », a averti le ministre français de l’agriculture.
 

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