Soutien de Chirac à Hollande: la boutade fait encore réagir

Jacques Chirac a tenté dimanche 12 juin 2011 de revenir sur ses déclarations de soutien à François Hollande faites la veille en Corrèze, fief politique des deux hommes. Mais l’ancien président de la République a beau expliquer que ses propos relevaient de «l’humour corrézien», ses petites phrases continuent de provoquer des réactions dans le milieu politique.

A droite, les propos de Jacques Chirac sont interprétés comme une charge à l’égard de Nicolas Sarkozy bien que, comme chacun le sait, les deux hommes soient du même camp politique. Côté gouvernemental, les réactions ont donc été absentes ou embarrassées. Un ancien ministre de Jacques Chirac dont on ne connaît pas le nom mais qui a donné une interview au quotidien Le Figaro a mis les mots de l’ancien président sur le compte de la maladie : « Chirac n’a plus aucune limite. La disparition des inhibitions est liée à la maladie. Mais je pense aussi qu’il y a chez lui une part de provocation. Il se sait diminué et il en profite ».

L’ancien président de la République donne au contraire l’impression d’avoir utilisé de manière très habile son retour sur le devant de la scène médiatique à l’occasion de deux événements concomitants : l’inauguration, samedi 11 juin du musée de Sarran, en Corrèze, qui contient les cadeaux reçus en tant que président de la République ; et la sortie du deuxième tome de ses mémoires où il formule des critiques à l’égard de Nicolas Sarkozy et des compliments à l’égard de François Hollande.

A gauche, les petites phrases chiraquiennes de samedi sont ouvertement situées dans le cadre de la présidentielle de 2012. Ségolène Royal a été la plus pragmatique, indiquant que « tout le monde est bienvenu pour voter à la primaire, Jacques Chirac comme un autre ». Pour le strauss-kahnien Jean-Marie Le Guen, « Jacques Chirac sait très bien ce qu’il fait. Il savait qu’il exprimait une certaine distance vis-à-vis de Nicolas Sarkozy et la disponibilité de nombreux Français à une autre politique ».

En ce lundi de Pentecôte, jour férié en France, les réactions politiques continuent à propos des petites phrases chiraquiennes. « Pour Chirac, Nicolas Sarkozy n’est pas un homme d’Etat », a déclaré Michel Sapin, député socialiste proche de François Hollande, « Chirac déteste Nicolas Sarkozy », a dit à la télévision Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière et candidate à la prochaine présidentielle. « J’ai l’impression que Jacques Chirac a envoyé un message surtout à Nicolas Sarkozy », estime Stéphane Le Foll, eurodéputé socialiste, lui aussi proche de Hollande. Les socialistes pourraient bien, dans les mois à venir, trouver ce soutien encombrant.

Pour Dominique de Villepin, Chirac est « un homme à la fois taquin, provocateur et surtout plein d’humour ». Jean-Marie Le Pen, l’ancien président du Front national, estime pour sa part que si ce n’est pas « une attaque déjà forte (de la maladie) d’Alzheimer, Chirac n’a fait qu’exprimer le fond de sa pensée ». Marine Le Pen, pour sa part, ne dit rien.

Que ce soit à gauche comme à droite, 48 heures après la boutade chiraquienne, on cherche à la minimiser. Car si elle fait ressortir les chamailleries à l’intérieur de la classe politique, elle pourrait avoir un effet désastreux sur les électeurs : un homme politique de droite qui adoube un homme politique de gauche et ceci dans leur fief électoral plutôt bien traité alors que le reste de la France est en souffrance. Les abstentionnistes des dernières élections régionales trouveront peut-être ce jeu politique un peu médiocre.
 

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