Woody Allen : Minuit à Paris ou la maladie de l’âge d’or

«J’adore», «good opening», «super». Rires et soupirs. Woody Allen a présenté ce 11 mai 2011 à la mi-journée aux journalistes et en avant-première son nouveau film Midnight in Paris qui ouvrira ce mercredi soir le 64e Festival de Cannes. Le réalisateur new-yorkais nous amuse avec un « Cendrillon » à Paris. Il ne raconte pas l’histoire d’un enfant qui passe des cendres au trône, mais le récit d’un écrivain maudit qui accède au bonheur.

Vous rêvez d’un âge d’or ? Midnight in Paris (Minuit à Paris) est pour vous. Il y a le Paris qui rit et le Paris qui pleure. Et naturellement, pour Woody Allen, Paris se montre surtout dans la nuit et sous la pluie sous ses meilleurs jours. 

Mais attention : l’entrée est pénible. Au début, Allen nous fait peur et tombe dans les clichés du Paris éternel et aseptisé : des images ennuyeuses à mort, trempées dans une musique sucrée et encadrées par un scénario prévisible : un couple californien vient pour quelques jours à Paris et se rend compte que le mariage n’est peut-être pas le meilleur plan de leur vie. Gil (Owen Wilson), désinvolte et scénariste à Hollywood, rêve des années 20 et de vivre dans une chambre de bonne à Paris pour écrire des livres à la Hemingway. Inez (Rachel McAdams), aussi belle que cartésienne, préfère la belle vie dans une villa et aspire à satisfaire les attentes de ses parents conservateurs et friqués. Forcément, c’est mal parti et on baille déjà.

De but en blanc, à minuit, les douze coups de l’horloge arrivent, et le carrosse avec. Gil monte dans une vieille Peugeot et est transporté dans son âge d’or rêvé, les années 20. Il rencontre son idole Hemingway, écoute Cole Porter jouer au piano, fréquente Gauguin, les Fitzgeralds et partage la même maîtresse avec Picasso, Braque et Hemingway. Tout va bien, sauf que sa bien-aimée est également atteinte de cette « maladie » de l’âge d’or rêvé, nommée nostalgie, et le quitte pour vivre dans la Belle Epoque.

La First Lady s'en tire bien
 

Il y a aussi Adrien Brody qui nous épate avec une apparition-éclair en tant que Salvador Dali (un rôle qu’il avait plusieurs fois décliné) ; et les deux interventions tant attendues et redoutées de Carla Bruni-Sarkozy. Finalement, il n’y a pas péril en la demeure. La First Lady a le rôle d’une conférencière qui explique au couple malicieusement Le penseur de Rodin et traduit une histoire d’amour du français en anglais. L’enthousiasme de Woody Allen (« elle joue son rôle parfaitement ») est certainement exagéré, mais elle s’en tire bien. Ses propres histoires amoureuses et ses multiples vies de top model, chanteuse et épouse du président rajoutent du piment à l’ambiguïté inscrite dans le scénario.

Le nouveau Woody Allen reste dans le même registre que d’habitude, mais il se montre moins sombre et cynique. Paris et les personnages sont filmés avec des couleurs très chaudes et il y a presque une pointe d’optimisme, quand Woody Allen déclare : « C’est un piège de penser que, autrefois, la vie était meilleure. Le présent est le seul temps où je veux vivre » …et il pense naturellement à l’air conditionné et aux anesthésiants chez le dentiste. Autrement dit : « Paris est très jolie sous la pluie. »

 

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